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Exemple

25 juin 2013

✔ PORTRAITS DE FUMEURS DE PIPE: CHARLES BUGNOT



« Mes grands-parents habitaient Saint-Claude, ma grand-mère travaillait même à la mairie ». Charles venait donc chaque été passer ses vacances dans la ville haut-jurassienne. Souvenirs d'une enfance pas encore perdue, à joyeusement gambader rue des Etapes, Faubourg Marcel ou rue de la Poyat, entre petits ateliers, usines et boutiques d'artisans pipiers.
« En 2002, mon grand-père m’a offert un brûle-gueule noir. Je l’ai toujours, je le garde précieusement ». Cet objet représente aux yeux de Charles une valeur inestimable, car son aïeul s'en est allé depuis.
« J’ai vu mon grand-père fumer la pipe. Et mon père, Gilles, fume la pipe également. Il a lui aussi été intronisé dans la Confrérie», dit-il pour expliquer le fait que -en toute logique- il s’est lui-même lancé dans cette pratique épicurienne. Par mimétisme, sans doute, au départ. Mais rapidement par réelle attirance personnelle.
« J’ai commencé à fumer à l’âge de 16 ou 17 ans, avec un ami. Mon père m’a guidé, cet ami aussi ».
Les premiers conseils constituent une étape cruciale, souvent décisive. Un premier pas raté, et c'est souvent une chute à laquelle succède un absolu découragement. Un bon fumeur de pipe prend volontiers son temps pour pétuner ; il saura aussi consacrer les minutes, parfois les heures, nécessaires à la transmission de son expérience. 

LE BEC ET LA LENTILLE

« J’ai commencé avec du Saint-Claude Confrérie. Pas dans le brûle-gueule, mais dans une autre pipe offerte par mon père, une Butz-Choquin droite naturelle ».
Non seulement son père, Gilles Bugnot, directeur du conservatoire de musique d'Avallon, l'a initié à l'art de tirer sur la lentille d'une bouffarde, mais il lui également appris à souffler dans le bec d'un saxophone. Charles adore le baroque et vénère Haendel. Mais il ne dédaigne pas écouter des orchestres de jazz américains, comme Dirty Dozen, ou un musicien comme Trombone Shorty.

Saisi par le virus et piqué de bruyère, Charles s’est rapidement mis à collectionner, pour arriver déjà à un ensemble actuel d’une vingtaine de pipes, qu'il garde et cajole dans son appartement dijonnais. Surtout des Chacom, des BC et des Waille. A Saint-Claude, il mérite décidément la médaille.

Pour lui, pas de pipes tarabiscotées ni teintées en mode "flashy". Une indication, en filigrane, en direction des fabricants qui s'imaginent parfois séduire une clientèle jeune avec du jaune fluo. Un duo de pipes n'est pas une paire de baskets. « J’aime les formes classiques, plutôt courbées et donc naturelles »

LE LUXURY EN FAVORI

Charles est venu me rejoindre dans un café situé face au marché sanclaudien du samedi matin, accompagné de son amie Maude, et arborant une magnifique pipe « fleur ». S’il ne les fumait pas, il les collectionnerait tout autant. Car l’objet le fascine.
S'agissant du tabac, notre tout jeune juriste, délaissant le brun originel, a rapidement évolué vers des mélanges aromatiques: un Stanwell un peu caramélisé, le très parfumé Kentucky Bird et toutes les boîtes de chez Peterson, avec une préférence marquée pour le Luxury Blend. A Dijon, se fournit au Sultan, dont il apprécie l'accueil et le professionnalisme.
« J’ai tendance à plutôt fumer chez moi, quand je lis ou quand je regarde la télévision.  Je considère que c’est un objet de détente, je ne vais pas l'allumer à la va-vite dans la rue en dix minutes ni entre deux amphis ».

Quand je lui demande si ses copains de la fac savent qu’il fume la pipe, il répond par l’affirmative et évoque même le grand intérêt que cette habitude suscite autour de lui.« La pipe pour eux, c’est un monde inconnu. Ils n’y ont tout simplement  jamais pensé. Ils aiment bien regarder ma collection et me posent plein de questions : combien ça coûte, comment ça se fume ?…  J’ai réussi à faire quelques adeptes ».

Voilà qui confirme sans doute un renouveau de la pipe et un espoir que les pipiers et commerçants perçoivent de leur côté : cette génération montante n’a tout simplement aucune image préconçue du fumeur de bouffarde, que l'on a souvent et abusivement associé au brave père de famille pantouflard, lisant son journal, son chien lové à ses pieds. Pour ces jeunes gens, la pipe n’est a priori ni vieille ni jeune : elle ne fait pas partie de leur monde et mérite -par simple curiosité de prime abord- d’être regardée de près. Quitte à se laisser séduire.

Au fil de notre discussion informelle autour d’un expresso et sous le regard tendre de son amie Maude, Charles laisse passer un message plus que subliminal, en répondant à l’une de mes questions sur la prochaine pipe qu’il aimerait ajouter à son cheptel : « Une Savinelli courbe, de la collection Miel, avec un tuyau jaune et bruyère naturelle ». A bon entendeur…
Après une première année de licence couronnée de succès et une intronisation au sein de la Confrérie de Saint-Claude, Charles semble sur un petit nuage. Un nuage au parfum vanillé. 


Mu par sa passion, Charles a créé un blog, « La Pipe au coin du feu ». Il y relate ses expériences et ses rencontres autour de la bouffarde, qui sont amenées à se multiplier. C’est à l’occasion de son intronisation et sa participation au championnat de France 2013 qu’il s’est ainsi lancé sur le net. Bienvenue, donc, à ce nouveau confrère-pipier sur la toile !

Pour accéder au blog de Charles Bugnot, cliquez ici >

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6 commentaires :

Jean-François a dit…

Merci, Nicolas, pour ce portrait ! Au plaisir de te revoir, Charles !

Jean-François a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Superbe portrait Nicolas, comme d'habitude. bravo.

Marc

Anonyme a dit…

Merci, Nicolas, pour ce portrait ! Au plaisir de te revoir, Charles !

Philippe a dit…

Franchement, lire ces portraits est un moment extrêmement agréable. Merci à toi Nicolas pour ce temps passé à nous faire rencontrer ces fumeurs passionnés et tous différents. On attend le prochain avec impatience.

Philippe

Nicolas de Pipe Gazette a dit…

Et merci à vous tous pour vos commentaires bienveillants. Rencontrer des personnes sympathiques, qui plus est des fumeurs de pipe, est un réel plaisir.