...
Exemple

29 novembre 2007

> UNE NOUVELLE MELAN

J'ai rencontré Thierry Melan par l'intermédiaire du Groupe. Installé en tant qu'artisan indépendant depuis quelques mois, c'est dans son atelier que je lui ai rendu visite aujourd'hui, au pied de Montmartre. Une minuscule pièce où tout est ordonné: ce pipier a, en peu de temps, accumulé un matériel impressionnant. Machines, outils, matières premières... il a tout à portée de main. Une main libre et créatrice. Il est réjouissant de savoir qu'en plein coeur de Paris, un jeune artisan s'est lancé avec passion dans le travail pipier, voulant maîtriser toutes les étapes de la fabrication.

Grand gaillard au caractère bien trempé, le fougueux Thierry fabrique, mais répare également des pipes anciennes, pour des clients particuliers et ceux des civettes parisiennes et belges.

Dès le début, il a trouvé son style, sa "touche": le rusticage. Et c'est ce que j'apprécie particulièrement sur ce "rusti-bol", comme il l'appelle lui-même: un guillochage profond, souligné par une teinte chocolat, un rebord lisse et prolongé par un tuyau acrylique noir et blanc. Cette pipe est énorme: ses 79 grammes sont parfaitement justifiés par l'épaisseur importante des parois qui évite tout échauffement excessif. Finalement, par rapport à la quantité de bois, elle n'est pas si lourde ! Le raccord tuyau-tige est parfait, le perçage large et le tirage se fait tout seul, ou presque.

Aussitôt rentré à la maison, premier allumage et première agréable sensation: celle d'une bruyère prometteuse.

"Autoportrait à la pipe"...

26 novembre 2007

> DUNHILL DE LUXE NAVY ROLLS

Il y a quelques semaines, Alain, sur le groupe Pipes et Tabacs, nous avait signalé l'intérêt du passage au four pour certains tabacs, en particulier le Dunhill Deluxe Navy Rolls, un "curly cut", coupé en rondelles. Il est d'ailleurs équivalent à l'Escudo de Petersen.


D'après Alain, ce mélange Virginia / Perique, lentement chauffé à 70°c pendant cinq heures dans sa boîte neuve -donc sous vide- donnerait une plus grande douceur, sans piquant, et davantage de saveur.


Ayant tenté l'expérience, sous les yeux médusés et les regards moqueurs de mon entourage familial, je confirme: ce tabac coupé en médaillons que l'on doit émietter n'offre ainsi que du bonheur. Ayant pu comparer les versions "cuites" et "crues", j'ai noté que le bienfait du passage au four était perceptible.
A vos thermosats !

14 novembre 2007

UNE MASTRO DE PAJA

Encore le nom d'une pipe fabriquée à Pesaro, dans les Marches, en Italie: Mastro de Paja. Et encore une affaire de famille, aujourd'hui celle d'Alberto Montini, alors que le créateur de cet atelier en 1972, Giancarlo Guidi, a depuis fondé la marque Ser Jacopo.

On saluera ici le foisonnement des artisans italiens, ne serait-ce que dans cette région de Pesaro: Mastro de Paja, Ser Jacopo, Il Ceppo, Rinaldo, Don Carlos, Le Nuvole, sans oublier Moretti, installé lui à Recanati. Quant à l'autre grande région pipière, la Lombardie, elle abrite Castello, Savinelli, Brebbia, Radice, Ascorti, Caminetto, Ardor, Viprati... Et Cavicchi dans la région de Bologne (Emilie-Romagne)... Et Paolo Becker à Rome...Et Spanu en Sardaigne...
Sur cette Mastro de Paja, j'apprécie en particulier le veinage régulier et bien mis en valeur de la bruyère, ainsi que le confort du tuyau acrylique. Sans parler de la courbe assez prononcée, qui ajoute à la légèreté en bouche.
Et, bonne nouvelle: elle n'était pas préculottée ! Quel plaisir de "déflorer" une bruyère vierge. Je sais, je radote...D'aucuns diront que ce n'est pas une partie de plaisir; je trouve au contraire que ce rôdage fait partie du bonheur des premiers fumages. Je préfère le léger piquant d'un bois vierge à un goût déplaisant et artificiel d'une couche de protection.

A ce propos, j'avoue ne plus respecter la fameuse loi du bourrage progressif par tiers d'une pipe neuve: je la remplis entièrement dès le début, la fume doucement et la rallume s'il le faut. Et je n'ai jamais brûlé une bruyère !

09 novembre 2007

> AUTOPSIE D'UNE PIPE

Sur le groupe Pipes et Tabacs, nous avons souvent des questionnements curieux et intéressants: ce fut le cas récemment, lorsqu'il s'est agit de savoir si une pipe en bruyère avait une durée d'existence quasiment éternelle ou si, au contraire, comme nous tous ici-bas, son espérance de vie était limitée. Sur ce thème, les avis sont parfois contradictoires.
Certains pensent que le fait qu'une bruyère fonce et devienne marron très sombre indique que le bois est saturé de goudrons: dans ce cas, selon eux, la bruyère est "morte", le goût rendu désagréable et la pipe à jeter aux oubliettes.
D'autres supposent qu'il n'y a pas vraiment de péremption pour une pipe bien culottée, déculottée régulièrement dans le but de ne laisser qu'une mince couche de protection à l'intérieur du fourneau. Encore faut-il la laisser reposer et sécher au moins 24 heures pour que le bois ait le temps de subir sans dommage un nouveau fumage.
Pour avoir une réponse, certes non définitive (qui peut se targuer de détenir la vérité absolue ?), nous avons, avec mes amis Pierre et Michel, tenté une expérience d'autopsie de pipes !
Michel avait chiné un stock de vieilles pipes qui avaient sûrement été fumées sans ménagement et pendant des décennies par de charmants papis: pas entretenues, maltraitées, affreusement et irrégulièrelement culottées... bref, la pire des situations.
Le Docteur Pierre, dans son atelier de la Pipe du Nord, a accepté d'en sélectionner quelques unes et de procéder à un découpage dans la longueur. Je l'ai photographié en plein travail d'autopsie. Attention les doigts !
Enfin, j'ai remis à Michel ces cadavres de pipes tranchées par le milieu afin qu'il fasse pour nous des photos très fines.
Ma conclusion (et je crois que Pierre et Michel sont de cet avis): une pipe dont le fourneau a été correctement entretenu vivra bien plus longtemps que nous. Les seuls dégâts notoires observés viennent du fait que la pipe a nettement été brûlée, parce que le fumeur a trop fait chauffer, trop rallumé, rebourré avant repos, qu'il a laissé une couche de carbonne d'une épaisseur irrégulière s'installer, créant ainsi une mauvaise protection et des brûlures profondes. Et même avec la plus grande négligence et sur une durée vraissemblablement très longue, il reste encore du bois non affecté !
Enfin, le fait qu'une tête de pipe devienne très sombre au fil des années de fumage ne signifie pas qu'elle soit saturée de goudrons, de gaz et de jus.Dormez tranquilles, amis de l'erica arborea, vos pipes, bien soignées, ne partiront pas en fumée avant que vous ne cassiez la vôtre.

> SAVINELLI LINEA ARTISAN

Chez Savinelli, la gamme est large: on trouve de tout, à tous les prix. Je reproche d'ailleurs à la marque de sacrifier parfois son image avec du bas de gamme.
Mais dans les séries les plus gradées, les "fait-main", on trouve des choses magnifiques. Le top de la marque, c'est la collection Autograph.

Ensuite, arrivent les Linea Artisan: moins parfaites que leurs supérieures (on peut y trouver quelques points de mastic!), elles n'en sont pas moins excellentes à fumer: les bruyères sont d'une incroyable légèreté, d'une excellente porosité, ce qui donne à la fumée une douceur appréciable dès le premier allumage. On aimerait en dire autant de bien d'autres pipes dont l'âcreté initiale a découragé bien des fumeurs débutants, qui sont allés ou retournés à la "tige".

Mon ami Pierre de la Pipe du Nord fume régulièrement dans son magasin et dans son atelier une Linea Artisan. Sur ses conseils, après avoir tâté, pesé, soupesé bon nombre de pipes de la fabrique milanaise, j'ai donc craqué pour cette belle courbe; une flammée de 50 grammes seulement, malgré une importante contenance. Et je confirme l'excellence du goût dégagé dès le début, me confortant dans l'idée que "dépuceler" une pipe peut parfaitement être une partie de plaisir, si la bruyère est bien sèche...

Vous remarquerez l'insert rectangulaire en bruyère sur le tuyau: ce signe disctinctif et distingué des Linea Artisan n'est -hélas- désormais plus utilisé. Cette pipe est l'une des dernières ainsi marquées.