Voilà dix ans que cette petite entreprise créée par des anciens salariés de la Seita et détenue par une coopérative de planteurs du Sud-Ouest de la France a lancé un tabac pour pipe sous l'appellation 1637. Auparavant (et c'est toujours le cas), elle commercialisait des tabacs à rouler et des cigarettes.
Cet anniversaire du lancement du 1637 pour la pipe est l'occasion d'aller rendre visite à Jérôme Duffieux et son équipe, à Tonneins, petite ville des bords de la Garonne.
Jérôme Duffieux, président de Traditab, à Tonneins |
Le 1637 dit "coupe large" est en fait constitué de scaferlatis de largeur moyenne, mais assez longs, qui rappellent le Caporal ancien, celui du fameux cube gris.
Visuellement, ce sont trois nuances de brun. On y reconnaît donc la diversité des ingrédients: un peu de virginie (20%), un petit tiers de burley et du brun pour l'autre moitié: du brun français classique (du genre paraguay) et du brun boucané (du malawi fumé au feu de bois.
À déguster, le 1637 pour pipe offre un bon goût de noisette, avec une pointe boisée. La combustion s'avère parfaite, sans nécessité de rallumages toutes les trois minutes. Je le qualifierai avant tout de burley/brun au goût discret, un bon compagnon de bouffarde, simple et régulier. Mais, comme depuis son lancement, j'ai à son sujet un léger regret: qu'il ne soit pas torréfié (pas seulement boucané), comme les semois ou la gamme Caporal, ce qui lui donnerait un supplément de personnalité. Mais il est, en l'état, déjà très agréable.
Autre nouveauté ces toutes dernières années, le lancement de Solelhal. Ce mélange virginie-burley-brun très légèrement aromatisé est sans doute en soi un sacrilège pour les puristes, mais il correspond à une tendance actuelle chez les fabricants de tabacs à rouler ou à tuber: il s'agit d'un tabac expansé. C'est-à-dire qu'il subit la même action que pour le pop-corn. Soufflé, il double de volume. L'intérêt est évidemment économique. Jusqu'à présent vendu en pot, Solelhal est désormais également disponible en blague de 20 grammes.
Le Solelhal, un mélange "expansé", en blague de 20 g. |
Le Solelhal en pot (de 40 ou de 120 grammes) |
Très franchement, j'avais à l'égard de ce tabac pop-corn toutes les réticences que vous pouvez imaginer. D'autant plus qu'il est donc conçu a priori pour les rouleurs ou les tubeurs. Mais sa coupe large et courte m'a intrigué. Pourquoi ne pas l'essayer dans la pipe ?
Les brins jaunes et marron clair du Solelhal ainsi que leur légèreté, puisque "expansés", ont quelque chose d'attirant, au fond. On se dit qu'il doit être facile à bourrer et à fumer. Pour le goût, on verra bien...
Et justement, malgré sa coupe acceptable pour les fourneaux de pipe, ce tabac brûle trop vite. Surtout, la saveur que l'on peut attendre d'un mélange de virginie et de burley est si discrète que l'on perçoit à peine, les bons jours, une petite pointe de noix. Ce qui ressort de cet essai du Solelhal dans la pipe, c'est une quasi neutralité. Rien de désagréable, aucun piquant ni agressivité, mais une sorte de transparence. Sans doute est-il plus savoureux roulé ou tubé, mais la bruyère ou l'écume ne sont pas pour lui. C'était une erreur de ma part de le considérer potentiellement comme un tabac pour pipe.
Dernière nouvelle pour cette année, à propos de la société Traditab: toujours installée à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, elle a quitté le centre-ville pour investir un parc d'activités où se trouvent les anciens locaux de la Seita, ce qui constitue un gain de place considérable. Cependant, jusqu'à présent, la coupe et l'emballage des tabacs Traditab se font encore en Belgique; selon nos informations, chez Notebaert, une petite entreprise située à Ypres (Ieper, en flamand).
Les nouveaux locaux de Traditab, à Tonneins (47) |
Cet emménagement est tout un symbole pour cette PME d'une quarantaine d'employés, qui fait travailler des petits producteurs d'une région historique et pionnière pour le tabac français, relançant ainsi modestement mais sûrement une filière qui menaçait de totalement disparaître.
Manoques de tabac du Sud-Ouest séchant chez Traditab |
Le Sud-Ouest est le berceau du tabac brun français où longtemps la Seita a fabriqué le célèbre Caporal. Si l'on remonte aux origines, c'est à quelques kilomètres de Tonneins, à Clairac, qu'a réellement été lancée, de façon organisée, la culture du pétun en France. Et c'était en... 1637.
10 commentaires :
Merci, Nicolas, pour ces informations concernant l'entreprise Traditab.
1637 est en effet la date officielle retenue pour le début de la culture du tabac
dans le Sud-Ouest. Mais la fiscalité nous apprend que le pétun fut cultivé
avant cette date. Et ce n'est pas la fiscalité royale qui aurait "frappé" la première
(on sait que Richelieu avait instauré un droit de douane dès 1629) mais un impôt
religieux bien connu, la dîme. En effet, le curé de Feugarolles (village situé à
20 km au sud de Clairac) avait été poursuivi devant la justice en 1620 par... les religieuses du couvent de cette localité. Celles-ci lui reprochaient d'avoir prélevé
la dîme sur leur récolte de tabac.
Notons enfin que des liens existaient entre le couvent des Cordeliers d'Angoulême,
celui d'André Thevet, qui affirmait au siècle précédent avoir été le premier à
introduire le tabac en France, et le couvent de Clairac.
Vous retrouverez toutes ces informations et bien d'autres encore dans cet excellent
article sur l'histoire du tabac à Tonneins (cliquer sur le titre suivant) :
L'Histoire du tabac à Tonneins
J'aurais dû écrire "l'excellent site" car il présente toute une collection
d'articles et de documents. Le troisième article ("La production du tabac dans
le Tonneinquais") a d'ailleurs été écrit par Jérôme Duffieux.
Merci pour le lien. Le musée de la ville a fait très fort, la lecture est exhaustive et intéressante.
Le 1637 est très agréable.
Pas tout à fait d’accord. Le côté boucané est original et fait que ce tabac ne ressemble à aucun autre.
Outre le fait qu'il n'est pas trouvable partout, je l'ai trouvé un peu costaud et pourtant je fume du brun.
Merci Nicolas pour les infos. Personnellement j’ai un ( gros ) faible pour le 1637.Malheureusement introuvable en Belgique et très mal distribué en France.
Pour les nouveautés j’espère connaître leur saveur lors d’un de mes séjours en France.
Jack
Bonjour Nicolas,
Je salue la sortie d'un nouveau mélange français. Acheté hier au Lotus et testé ce matin, il m'a un peu déçu. Sa "coupe large" est en fait plutôt... fine. Facile à fumer sans rallumage, il m'a semblé assez neutre, sans longueur et un peu acre. Pour moi, ce sera un tabac d'appoint et je m'en tiendrai à ma trilogie courante: Amsterdamer, Amphora rouge, Caporal export et, les jours de dégustation, divers mélanges avec latakia.
SST.
Trouvé de la moisissures dans un pot acheté aujourd'hui !
Comment contacter les services sav
Très agréablement surpris par le SOLELHAL, je le fume en tube il est très bien.
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