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Exemple

16 décembre 2010

> CENSURE EN SUISSE

Article paru dans le quotidien 20 minutes le mercredi 15 décembre 2010


Le gouvernement genevois a ordonné le retrait de l'affiche publicitaire d'un salon érotique. L'encart avec une pipe aurait incité les badauds à fumer.


L'Etat de Genève est revenu sur sa décision d’autoriser la campagne publicitaire du salon érotique le Vénusia. Placardées depuis moins d’une semaine, les affiches sur lesquelles on pouvait voir une pipe ont ainsi dû être recouvertes. La raison? Elles contrevenaient à la loi, qui interdit toute publicité pour le tabac, révèle le «GHI».
«C’est de l’hypocrisie totale», s’insurge Lisa, propriétaire du salon. Bien décidée à ne pas se laisser faire, la jeune femme a immédiatement relancé l’imprimerie et depuis hier, des moules ont remplacé les pipes. Un choix fait presque à contre-cœur, car moins subtile. Mais une réponse nécessaire, selon Lisa, à la provocation des pouvoirs publics.
Du côté de l’Etat, la personne en charge du dossier était injoignable toute la journée de mercredi.

12 décembre 2010

AUTOPORTRAIT DE FELIX NUSSBAUM

Dans le "Monde Magazine" daté de ce 11 décembre 2010, est reproduit cet Autoportrait au chevalet (1943) du peintre allemand Felix Nussbaum, mort en camp de concentration à Auschwitz.
Une exposition est consacrée à Felix Nussbaum au Musée d'art et d'histoire du judaïsme à Paris, jusqu'au 23 janvier 2011.

09 décembre 2010

> HOMMAGE A SVEN KNUDSEN, par Lucien Georges

Comme Pipe Gazette vous l'a annoncé dans sa rubrique "En bref", le grand pipier danois Sven Knudsen s'est éteint le 25 novembre dernier. Lucien Georges, pipier corse qui a côtoyé le grand maître, lui rend ici hommage. Son article est illustré par quelques belles réalisations de Sven, appartenant à l'auteur de l'article.

Bastia, été 1966 – " Bonjour Lucien, j’ai ici deux pipiers Danois qui cherchent des ébauchons. Je te les envoie" . Propos téléphoniques d’un ami propriétaire d’un camping à l’Arinella, plage de Bastia.

Le hasard fait bien les choses. C’est dans ces conditions que j’ai eu l’honneur de faire la connaissance de Sven Knudsen, le plus grand des maîtres pipiers, disparu dans son Danemark natal le 25 novembre dernier. Il était venu en Corse, avec son ami Former, autre grand pipier, à la recherche de cette belle bruyère si réputée et mondialement connue pour son caractère exceptionnel.

En ces temps « reculés », les Danois avaient eu la puce à l’oreille, et deux d’entre eux, infatigables globe-trotters de l’erica arborea, avaient eu l’audace de pousser jusqu’en Corse pour tenter de dénicher quelques pièces de ce nectar, pour leur propre fabrication de pipes handmade.

Visite à la Riviera Briar Pipe, entreprise familiale d’ébauchons dont j’étais l’héritier, et achat d’une petite centaines de pièces: des plateaux flammés payés en dollars au double du prix chichement consenti par Saint-Claude à cette époque. Quelle est importance, me direz-vous, d’un achat si étriqué auprès d’une entreprise qui produisait ½ million d’ébauchons à destination des plus grands fabricants ? Voici la réponse : " La marchandise de bonne qualité doit se payer un bon prix ". Telle fut l’appréciation de Sven le campeur, qui savait -oh combien- qu’il était impératif de sélectionner sévèrement sa matière première pour être présent dans la cour des grands.

Les relations commerciales conduisent quelques fois à une amitié sincère: Sven se mit à importer cette matière première pour son propre compte, mais aussi pour la distribuer aux autres artisans danois. Les rapports d’amitié amplifiant, curieux de découvrir le Danish way of pipemaking, je me rendis pour la première fois chez Sven en 1969. A cette occasion, je découvris son atelier, sa façon de travailler, son amour pour la bruyère, sa dextérité, et sa renommée internationale. C’était déjà un très grand pipier, considéré comme un vrai maître par ses confrères qui n’étaient autres que Ivarson, Former et son propre frère Teddy. Quelle fascination de le voir travailler, transformer un bel ébauchon flammé en une magnifique pipe unique, vivante, extraordinaire ! Les Japonnais, grands copieurs-photographes de l’époque, s’arrachaient déjà ces pipes à prix d’or.

Envahi par la passion de la bruyère, fasciné par la transformation d’un ébauchon en objet d’art par le maître, je ne pus m’empêcher de retourner le plus souvent possible au Danemark voir évoluer ce virtuose, avec le désir caché de lui demander de me transmettre -sinon son savoir- mais pour le moins son "savoir-fabriquer" une pipe. J’avais la trouille, car à l’époque les portes des usines de pipes que je visitais régulièrement étaient bardées de pancartes « défense d’entrer » , « interdit au public ». Les secrets de Polichinelle avaient valeur de secrets d’état: le sacro-saint cloisonnement de cette période. N’insistons pas puisque l’opacité tomba chez Sven le campeur qui, portes grandes ouvertes, m’ouvrit aussi son cœur en acceptant de me communiquer sans restrictions tout son savoir – non, pardon - tous ses secrets de fabrication , poussant son désir de transmettre jusqu’à venir installer mon propre atelier (copie conforme du sien) en Corse quelques années plus tard.

« Non, Lucien, ce n’est pas encore ça. Tu mettras encore beaucoup de temps avant de maîtriser cette matière ». Telle fut sa réponse alors que je croyais que mes premières pipes étaient réussies. Il avait mille fois raison, les quelques recommandations essentielles qu’il m’a transmises demeurent pour moi des commandements. Oui, Sven, c’est l’ébauchon qui commande, mon crayon doit capter le plus beau grain, le meilleur veinage, pour fabriquer une belle pipe.

Ensuite, chacun fit son chemin, lui dans les hautes sphères, et moi en tant que simple pipier passionné de belles bruyères. Puis, il fut handicapé par la maladie au point de ne plus pouvoir disposer de ses capacités à plein temps. Quelle sanction terrifiante pour ce maître pipier qui a assisté ces dernières années à une banalisation souvent dégradée de cet art qui, heureusement, compte encore de très bons pipiers, mais seulement quelques uns…comme en 1966.

Arriva l’heure du dernier voyage, ce 25 novembre 2010. Sven, tu n’avais sans doute plus de secrets à transmettre. Ta mission en ce monde tourmenté fut exemplaire. Tu nous a quittés en douceur, en honnête homme, en grand maître de la pipe. Que tu resteras.

Ton petit élève te dit respectueusement et éternellement: MERCI.

Lucien Georges