► Scaferlati Caporal: le gris contre le bleu

Le Scaferlati Caporal, désormais fabriqué au Danemark, est décliné en plusieurs versions voisines. Nous avons mis en parallèle le mélange le plus courant et la version en bleu.

Ces deux tabacs pour pipe à base de feuilles torréfiées sont des classiques du tabac français, (lire l'historique >>) et ont longtemps été conditionnés dans un cube de papier; depuis dix ans, ils sont vendus en blague classique contenant 40 grammes. 

En 2015, Mac Baren a acquis le catalogue des tabacs pour pipe Seita. Cette acquisition n'a eu à mon sens que des effets positifs sur ces mélanges que le fabricant français Seita avait négligés au fil du temps.

D'abord, Mac Baren en a élargi la coupe, ce qui permet à ces Scaferlati de se consumer plus lentement, tout en gardant une bonne qualité de combustion car ces filaments sont assez secs.

Pour les deux (le gris avec lignes orange et le bleu), le fabricant indique les mêmes ingrédients: le kentucky torréfié est associé à du virginie. Y a-t-il alors une vraie différence entre les deux ?

Bien que ce ne soit pas très visible sur la photo ci-dessus, le gris (à gauche) présente un aspect d'ensemble plus sombre. Le bleu (à droite) est plus contrasté, contenant quelques brins clairs. A l'odeur, à froid, le bleu a une odeur de foin bien plus marquée. Mais au goût, pour le fumeur ?

Commençons par le "gris". On perçoit dès les premières bouffées cette saveur typique des tabacs dits "bruns" (à l'origine, il s'agissait de paraguay, une variante de burley). 

Mais on sent également une note difficile à définir, quelque chose qui évoque la vanille, une touche légère, pas facile à décrire, mais qui rappelle bien le Gris d'antan. Comme un arôme à base de fève tonka; hypothèse personnelle, car les secrets de fabrication ont la vie dure...

Quoi qu'il en soit, l'ensemble est délicieux, pour qui aime les tabacs assez corsés mais pas trop chargés en nicotine. Cette puissance relative se renforce toutefois en fin de fourneau, avec des variantes d'une pipe à l'autre. Ce Scaferlati Caporal a retrouvé ses qualités de la belle époque.

Avec le bleu, on perçoit dès le début une plus nette rudesse. Peu de parfum vanillé de type tonka comme avec le gris. Il semble vite supplanté par la puissance du tabac lui-même. On est rapidement plongé dans un univers plus minéral rappelant certains semois. 

Au fil des quarts d'heure de fumage, le bleu apparaît plus corsé, une impression qui se renforce progressivement jusqu'à la fin. La nicotine, sans doute, est présente à un taux plus élevé, car si on ne prend pas garde à fumer doucement, quelques suées apparaissent sur le front...

Conclusion: Après de multiples essais de l'un et de l'autre, je crois pouvoir dire que le Scaferlati Caporal "ordinaire" et le bleu, s'ils sont frères, ne sont pas jumeaux. Deux frères au caractère bien trempé, mais dont l'un se laisse amadouer quand l'autre s'emporte.