► La classique des classiques : une Maigret façon Gabin

Une des images les plus traditionnelles du fumeur de pipe, c'est le commissaire Maigret allumant une grosse bouffarde droite. C'est exactement ce modèle ultra-classique que je voulais trouver. C'est chose faite chez Pierre Voisin.

Quelques attachements à des formes plus originales au fil des années n'empêchent pas le fumeur de pipe de revenir régulièrement aux fondamentaux. Souvenirs d'enfance, lectures policières, désir de confort... il est parfois bien agréable de renouer avec ses racines. 

Dans cette idée du retour au classique — qui n'enlève rien à la soif de la nouveauté et de la fantaisie —, j'avais envie de posséder une bonne grosse pipe droite de forme billiard (ou "néogène", en français), massive mais sans excès, de style chubby (joufflue) avec une fourneau aux parois épaisses et une tige forte.

Autrement dit, la pipe de Maigret par excellence, celle qui apparaît sur les couvertures des romans de Simenon dans la version des Presses de la Cité, celle que fumait souvent Jean Gabin au cinéma dans les enquêtes du fameux et placide commissaire, ou Bruno Cremer dans la série télévisée. Une pipe pour des mains larges et solides, telles qu'on imagine celles du commissaire amateur de plats mijotés.

Plusieurs pipiers ou usines de pipe reproduisent régulièrement cette forme iconique. L'artisan Pierre Voisin en présentait récemment une sur son site internet. L'occasion était trop belle. D'autant plus qu'elle correspondait exactement à l'idée que je me fais de LA pipe de Maigret : robuste, sans chichi, agréable au toucher, plaisante en bouche, bonne fumeuse. 

╰┈➤ LIRE ÉGALEMENT : PIERRE VOISIN LANCE SON SITE D'ARTISAN 

Teintée marron foncé, elle laisse juste deviner le dessin du bois — d'ailleurs pas vilain du tout : grains irréguliers d'un côté, oeils-de-perdrix de l'autre. C'est justement ce que je voulais, alors que je suis pourtant fasciné par la beauté d'une bruyère claire et flammée. Là, non, il fallait une couleur assez sombre, automnale pour cette pipe trapue.

Les deux côtés de cette pipe "à la Maigret" signée Pierre Voisin

Pesant 66 grammes — poids raisonnable pour une pipe généreuse —, cette bouffarde faite dans une très vieille bruyère a donné au tabac un goût délicieux dès le premier allumage.

Le tuyau en ébonite (pas d'acrylique chez le célèbre enquêteur !) est intelligemment tourné : il se resserre de façon assez rapide à partir du tiers du parcours entre la tige et la lentille. Esthétiquement, c'est bien vu : on reste ainsi dans une sorte de simplicité. 

Cette ample néogène s'avère être une compagne idéale pour fumer du Caporal, du Burrus ou du Forte, mais elle ne refuse pas d'accueillir quelques flakes de Capstan.