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Exemple

29 mai 2022

► Les trois tabacs Burrus pour la pipe


Burrus est une marque très ancienne de tabacs, dont l'histoire se partage entre la France et la Suisse. Nous avons goûté les trois mélanges pour la pipe.

Il existe le Burrus Bleu, le Burrus Jaune et le Burrus 40. Tous les trois sont maintenant fabriqués au Danemark par STG (Scandinavian Tobacco Group) pour le marché suisse. Ce sont tous des mélanges de deux types de burley: une part séchée au soleil et l'autre part séchée à l'air libre, puis le tabac subit un temps de fermentation, selon les dires du fabricant.

De coupe fine, ils se consument tranquillement par de petites aspirations régulières. Mais y a-t-il une réelle différence entre les trois mélanges ?


Le Burrus Bleu, le plus répandu, est un pur burley, sans arôme ajouté. Les filaments mêlés sont de deux teintes: certains brun clair, d'autres plus foncé. Avec ce genre de coupe, il ne faut pas hésiter à tasser assez fortement le tabac au bourrage de sa pipe, sans toutefois empêcher l'air de circuler. Puissant mais pas agressif, surtout s'il est fumé très doucement, déposant un léger piquant poivré sur la langue, ce Burrus Bleu donne une discrète saveur de noix. Disons que l'on perçoit avec ce Bleu un goût moyen, pas très caractérisé, mais il est agréable et facile à fumer.


Le Burrus Jaune, également un burley naturel, lui ressemble comme un jumeau. Impossible à mon sens d'y trouver la moindre différence. Pour étoffer mon propos, j'aurais pu copier/coller ici le paragraphe précédent et remplacer le mot Bleu pour le mot Jaune. Mêmes qualités, même saveur nucicole, dont la perception est totale à combustion lente. Benoît, autre goûteur, le perçoit cependant comme plus "rond" que le précédent.


Quant au Burrus 40, il est différent des deux autres. Également composé de burley, ses brins sont légèrement plus foncés. J'ai pensé un moment qu'il était en partie torréfié, tout comme l'est l'excellent Garibaldi qui, lui, est clairement fait à base de dark fired kentucky. Non, ce Burrus 40 contient vraisemblablement uniquement du burley, comme l'écrit le fabricant, mais sans doute avec une plus grande proportion de burley séché au soleil. Cela lui donne un caractère plus sombre, plus minéral. Progressivement, il devient plus dur, moins savoureux que ses deux comparses. Benoît, qui l'a aussi testé, lui trouve en effet une certaine âcreté.

Nicolas

UN BRIN D'HISTOIRE

L'histoire de la maison Burrus, créée par Martin Burrus, fabricant de rouleaux de tabacs puis de cigarettes, se partage entre Boncourt, dans le Jura suisse (depuis 1814) et Sainte-Croix-aux-Mines, en Alsace (de 1871 à 1947), la manufacture alsacienne ayant longtemps été dirigée par Maurice Burrus. 

De nos jours, seule l'usine suisse subsiste, mais la famille Burrus s'est totalement retirée de la société en 1996 en la cédant à Rothmans International, qui l'a elle-même vendue à British American Tobacco en 1999.

Les tabacs pour la pipe, au nombre de trois, sont désormais fabriqués au Danemark par Scandinavian Tobacco Group (STG).

Sur l'histoire de l'entreprise, écoutez ce document radio exceptionnel de 1938 de la RTS: Henry Burrus, alors propriétaire de la manufacture, est interviewé sur l'histoire et les activités de la société.

 

VUES

7 commentaires :

Le piperrant de Beyrouth a dit…

Merci Nicolas pour cet article! En fait ce tabac m'intriguait surtout que j'avais essayé le bleu et je l'avais trouvé insipide et inodore! Je voulais savoir à propos des deux autres et me voilà servi!!

GG a dit…

J'aime vraiment beaucoup le Burrus Bleu (le seul que j'ai fumé).

Matt a dit…

Merci, Nicolas, pour ce retour sur les tabacs Burrus, et pour le document radio
exceptionnel en ce qui concerne l'histoire de la manufacture et d'une remarquable
qualité sonore.

Pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans la connaissance de la branche
suisse de la famille Burrus, il y a l'ouvrage de Philippe Turrel publié par
les Editions Slatkine, "La saga des Burrus - le clan des audacieux 1820-2020",
2ème édition 2020 (lien ci-dessous) :
La saga des Burrus

Nicolas de Pipe Gazette a dit…

Merci, Matt, pour ce conseil de lecture. Il est vrai que l'histoire de la famille Burrus épouse celle de ces deux siècles, y compris de leurs troubles et de leurs drames.

Bertrand Semois a dit…

Bravo pour ce super article.

D.P. a dit…

Exceptionnel document historique et belle dégustation. Merci Nicolas

Matt a dit…

L'usine de Boncourt ferme, c'est un véritable coup de tonnerre et la fin d'une
époque. Rappelons que la famille Burrus avait cédé l'usine en 1996 et que les tabacs
à pipe Burrus sont toujours fabriqués au Danemark :
Fermeture de l'usine de Boncourt

Quant à la famille Burrus, elle a laissé des traces profondes et nombreuses
dans cette commune du Jura suisse comme le souligne ce court reportage de juillet 2022 diffusé par la RTS :
Les Burrus et Boncourt