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Exemple

23 février 2020

► Le Prince Albert: un aristocrate très populaire



Le Prince Albert est un tabac lancé en 1907 par la R.J. Reynolds Tobacco Company. Puis il est passé entre plusieurs mains et il est depuis 1987 fabriqué par la société John Middelton. Cette dernière fait désormais partie du groupe Altria, autrement dit Philip Morris.

Son nom, Prince Albert, n'a bien entendu aucun rapport avec l'actuel Prince de Monaco. Il fait référence au fils de la Reine Victoria, lui-même roi d'Angleterre sous le nom d'Edouard VII de 1901 à 1910. Il se prénommait Albert Edward. 

Une des nombreuses "réclames" pour le Prince Albert

Populaire, objet d'une importante iconographie publicitaire, marquant par le rouge de son emballage, le tabac Prince Albert a longtemps été présenté dans une charmante petite boîte métallique plate. Hélas, ce conditionnement a disparu il y a une dizaine d'années au profit d'une pochette ordinaire. On le trouvait et on le trouve également en gros pot, mais le plastique a remplacé le métal. Les collectionneurs peuvent cependant facilement se procurer une ancienne boîte en métal vide sur un célèbre site de vente aux enchères  —  et ceci pour quelques dollars.


L'ancienne petite boîte en métal et le gros pot actuel en plastique

Longtemps importé en Europe, ce mélange était le préféré de Raymond Forni, député de Belfort et président de l'Assemblée Nationale au début des années 2000, qui allait l'acheter en Suisse. Le pipier Pierre Voisin en a fait son tabac quotidien, quand toutefois il peut s'en procurer grâce à des amis séjournant aux États-Unis  —  puisqu'on ne le trouve désormais qu'outre-Atlantique.

Le Prince Albert, c'est le tabac américain populaire par excellence, comme peuvent l'être le Half and Half, le Velvet ou le Carter Hall. Un tabac de drugstore très peu cher, qui était initialement utilisé autant pour rouler ses cigarettes que pour bourrer sa pipe. Deux présentations ont donc cours actuellement: en pot d'environ 400 grammes (14 oz) ou en pochette dans un étui en carton de 42,5 grammes (1,5 oz).


La présentation en blague rangée dans un étui carton

Le tabac Prince Albert est un mélange de burley sans doute légèrement aromatisé, certains disent au chocolat. Quoi qu'il en soit, ce léger ajout n'a rien de proéminent. À moins qu'une petite proportion de virginie fermenté ("cavendish") ne lui apporte cette pointe discrètement caramélisée, ravissant l'entourage. On  note néanmoins qu'à l'intérieur du fourneau s'installe assez rapidement un dépôt brillant, tendant à démontrer la présence d'une substance sucrée en guise d'arôme. Les filaments de tabac, de deux nuances de brun, ne sont absolument pas collants au doigté; le mélange est frais et souple. 

Ce mélange américain m'apparaît comme d'une grande simplicité, au goût assez peu prononcé sur la durée: n'attendez pas de révélation. Bien qu'un peu piquant sur la langue à la longue, il n'a cependant rien de corrosif. C'est un tabac facile à fumer, à la combustion régulière, combustion à entretenir par petites bouffées, dont les premières laissent percevoir un léger goût de cacao et de noix. Hélas, la saveur a tendance à s'estomper peu à peu. Le Prince Albert fait partie de ces tabacs qui sont meilleurs en début de pipe. Il n'est pas désagréable, mais il manque de caractère, de relief. Il y a dans ce mélange une forme de transparence. 

De son côté, Pierre Voisin n'en pense que du bien: « C'est un tabac doux, dont la coupe est parfaite à l'ouverture, idéal pour débuter (...). Il fait l'unanimité parmi les fumeurs qui le testent, j'ai pu en faire l'expérience pendant des années auprès des clients de la Pipe du Nord auxquels je le recommandais et dans ma propre famille ».

Attention: il existe maintenant des versions aromatisées du Prince Albert (vanilla, cherry, whiskey...) qui n'ont pas grand chose à voir avec la recette de base. 
N.S.


VUES

10 commentaires :

Alain a dit…

J'an ai un bon souvenir, qui est peut-être enjolivé par la nostalgie. En tout cas il est dommage que ce tabac de base ne soit plus vendu en France, comme d'ailleurs le Capstan, un virginie populaire également.

Gilmieug a dit…


On peut voir Edward VII fumant la pipe:

www.npg.org.uk/collections/search/portrait/mw02035/King-Edward-VII

Bertrand Semois a dit…

Une valeur sûre encore apprécié aux USA.

Benoît a dit…

"Pas désagréable, manque de caractère et de relief, transparent" (Nicolas) :
on ne saurait mieux dire.
Dans la même catégorie, le Half & Half a plus de corps, plus goûteux.
Pour l'anecdote, avant de le découvrir à Paris fin '80, j'étais persuadé que c'était un tabac... belge : sans doute je le voyais fumé là-bas + Albert roi de Belgique, association d'idées.

Matt a dit…

Benoît, l'erreur est très compréhensible, d'autant plus qu'Albert Ier était encore prince de Belgique en 1907.
Dans Le Petit Journal du dimanche 29 mai 1910 qui évoque les funérailles d'Edouard VII, il est beaucoup question de tabac...

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k716906c/f2.item

Jean-Paul a dit…

il fut mon tabac journalier pendant des décennies jusqu'à ce que on ne le trouve plus en France. Tabacs simple et franc ;je comprends pierre Voisin.On ne trouve pas d'équivalent en France, ni en "europe de l'ouest" il me semble.depuis sa disparition je reste sur le Royalty qui n'a rien à voir,le chacom4 et je verrai à la Civette pour le chacom6.

Bertrand Semois a dit…

Aberrant que le Prince Albert ait quitté l’Europe.

Louis a dit…

Ca me donne quand même envie d'y gouter, mais envoi des USA... hum hum.

Yannick a dit…

Le voyageur immobile que je suis ne se lasse pas de rêver grâce aux images et effluves de Pipe Gazette.

Joseuvic a dit…

Un tabac légèrement aromatique simple et sans chichi. D'allumage facile et de combustion parfaite; il ne pique pas et je ne dédaigne pas d'en fumer de temps en temps. Le seul aromatique que je fume encore.
Un tabac qu'on pourrait qualifier de "tabac de tous les jours"...s'il était distribué en France.