À Moscou, j'ai rencontré Andrei Kadnikov. Parmi tous les pipiers moscovites, c'est lui que je voulais voir. Je lui ai acheté une belle canadienne sablée.
Il m'avait semblé que ce quadragénaire repéré sur Facebook était assez représentatif de la nouvelle génération d'artisans autodidactes, interprétant avec talent les grands classiques des formes pipières, tout en y apportant des données techniques contemporaines. Je ne m'étais pas trompé.
Nous nous sommes donné rendez-vous en fin de journée dans un café moscovite. Hélas, impossible de fumer désormais dans ces lieux publics. Discussion autour d'une pinte de bière, près de la rue Tverskaya, une grande artère qui mène à la place Rouge.
Nous engageons la conversation sur notre sujet de prédilection, non sans avoir échangé quelques propos sur la vie en Russie, son passé d'artiste de cirque, puis son installation à Moscou pour les études de son fils — aujourd'hui étudiant en ingénierie de la construction.
« J'ai commencé à fabriquer des pipes en 2012, par hasard. Lors d'un week-end pluvieux à la campagne où je m'ennuyais, j'ai pris un morceau de poirier et j'ai entrepris de le tailler ! », s'amuse Andrei, qui a tout de suite été enthousiaste à l'idée de se lancer plus sérieusement. Rapidement, la bruyère s'est substituée au poirier. Il fabrique maintenant entre quarante et cinquante pipes par an. Cette bruyère, elle vient de chez l'Italien Mimmo, mais de plus en plus souvent de chez Vermont Freehand, l'entreprise du vendeur américain Steve Norse, qui le fournit en bruyère italienne et algérienne.
Le style Kadnikov ? Andrei estime qu'il apprend, qu'il cherche; mais qu'il penche pour l'école danoise, avec des interprétations personnelles de formes classiques, plutôt qu'une application du style anglais plus strict.
En guise d'illustration de ses propos, il sort de sa poche une petite canadienne sablée et m'explique pourquoi il la juge plus danoise qu'anglaise: son fourneau est très légèrement incliné vers l'avant. « Une forme anglaise serait parfaitement droite et symétrique », précise-t-il. Nuance subtile.
Je remarque que le sablage est léger, ce qui change des sablages profonds en vogue en ce moment. « Je pense que, compte tenu du petit gabarit de la pipe, un sablage profond n'aurait pas été heureux », me dit Andrei. Il a raison. Les parois sont fines, un creusement plus marqué aurait même été risqué. De plus, ainsi, le bois reste doux au toucher. Le contraste brun moyen et brun foncé m'apparaît des plus heureux. J'inspecte la réalisation technique: le perçage semble parfait, large, la pipe respire. « Je perce la tige à 4mm, et à l'intérieur du tuyau je fais un perçage en V qui s'élargit jusqu'à la lentille ». Un tuyau qui est ici en cumberland allemand.
Andrei Kadnikov travaille chez lui, dans son appartement moscovite, avec le minimum d'outillage. Quant aux sablages, il va les réaliser chez son ami pipier Alexandr Nepokoychitskiy, équipé du matériel nécessaire: cabine et compresseur.
Cette jolie canadienne-russe-danoise-italienne (la bruyère utilisée vient en effet de la péninsule) sera mienne.
L'heure tourne, nous devons bientôt prendre congé. Andrei sort une pipe, une Kadnikov... « Je fume à 90% des pipes que j'ai fabriquées ». Qu'y met-il ? De temps à autre, des mélanges au latakia, mais il fume le plus souvent des virginie, parfois des virginie/périque. Il préfère les mélanges de Kohlhase & Kopp et ceux de G.L. Pease (surtout la série Fog City Selection, dont le Telegraph Hill et l'Union Square). « Ce que je n'aime pas, c'est le burley », déclare fermement Andrei.
Le temps d'une photo à l'extérieur, à la nuit tombée, devant la brasserie, et nous nous saluons.
Andrei a parlé, il a ri, communiqué sa passion avec modestie. Les chemins qu'il a pris le mèneront loin. Déjà très certainement à Saint-Pétersbourg pour le pipe-show des 5 et 6 décembre. Et peut-être, plus tard, dans quelques années, à Chicago.
Quant à moi, j'ai rapporté de Moscou une délicieuse fumeuse signée A.Kadnikov, reçue des mains même d'un artiste. Oui, un artiste.
Andrei kadnikov vend ses pipes sur m-tabakerka.ru et pipeshouse.ru. Il participe au forum pipeclub.net.
Lire également: Rencontre avec le pipier russe Vladimir Grechukhin >
Nous nous sommes donné rendez-vous en fin de journée dans un café moscovite. Hélas, impossible de fumer désormais dans ces lieux publics. Discussion autour d'une pinte de bière, près de la rue Tverskaya, une grande artère qui mène à la place Rouge.
Nous engageons la conversation sur notre sujet de prédilection, non sans avoir échangé quelques propos sur la vie en Russie, son passé d'artiste de cirque, puis son installation à Moscou pour les études de son fils — aujourd'hui étudiant en ingénierie de la construction.
« J'ai commencé à fabriquer des pipes en 2012, par hasard. Lors d'un week-end pluvieux à la campagne où je m'ennuyais, j'ai pris un morceau de poirier et j'ai entrepris de le tailler ! », s'amuse Andrei, qui a tout de suite été enthousiaste à l'idée de se lancer plus sérieusement. Rapidement, la bruyère s'est substituée au poirier. Il fabrique maintenant entre quarante et cinquante pipes par an. Cette bruyère, elle vient de chez l'Italien Mimmo, mais de plus en plus souvent de chez Vermont Freehand, l'entreprise du vendeur américain Steve Norse, qui le fournit en bruyère italienne et algérienne.
Le style Kadnikov ? Andrei estime qu'il apprend, qu'il cherche; mais qu'il penche pour l'école danoise, avec des interprétations personnelles de formes classiques, plutôt qu'une application du style anglais plus strict.
En guise d'illustration de ses propos, il sort de sa poche une petite canadienne sablée et m'explique pourquoi il la juge plus danoise qu'anglaise: son fourneau est très légèrement incliné vers l'avant. « Une forme anglaise serait parfaitement droite et symétrique », précise-t-il. Nuance subtile.
Ma pipe Kadnikov |
Je remarque que le sablage est léger, ce qui change des sablages profonds en vogue en ce moment. « Je pense que, compte tenu du petit gabarit de la pipe, un sablage profond n'aurait pas été heureux », me dit Andrei. Il a raison. Les parois sont fines, un creusement plus marqué aurait même été risqué. De plus, ainsi, le bois reste doux au toucher. Le contraste brun moyen et brun foncé m'apparaît des plus heureux. J'inspecte la réalisation technique: le perçage semble parfait, large, la pipe respire. « Je perce la tige à 4mm, et à l'intérieur du tuyau je fais un perçage en V qui s'élargit jusqu'à la lentille ». Un tuyau qui est ici en cumberland allemand.
Andrei Kadnikov travaille chez lui, dans son appartement moscovite, avec le minimum d'outillage. Quant aux sablages, il va les réaliser chez son ami pipier Alexandr Nepokoychitskiy, équipé du matériel nécessaire: cabine et compresseur.
Cette jolie canadienne-russe-danoise-italienne (la bruyère utilisée vient en effet de la péninsule) sera mienne.
L'heure tourne, nous devons bientôt prendre congé. Andrei sort une pipe, une Kadnikov... « Je fume à 90% des pipes que j'ai fabriquées ». Qu'y met-il ? De temps à autre, des mélanges au latakia, mais il fume le plus souvent des virginie, parfois des virginie/périque. Il préfère les mélanges de Kohlhase & Kopp et ceux de G.L. Pease (surtout la série Fog City Selection, dont le Telegraph Hill et l'Union Square). « Ce que je n'aime pas, c'est le burley », déclare fermement Andrei.
Le temps d'une photo à l'extérieur, à la nuit tombée, devant la brasserie, et nous nous saluons.
Avec Andrei Kadnikov à Moscou |
Andrei a parlé, il a ri, communiqué sa passion avec modestie. Les chemins qu'il a pris le mèneront loin. Déjà très certainement à Saint-Pétersbourg pour le pipe-show des 5 et 6 décembre. Et peut-être, plus tard, dans quelques années, à Chicago.
Quant à moi, j'ai rapporté de Moscou une délicieuse fumeuse signée A.Kadnikov, reçue des mains même d'un artiste. Oui, un artiste.
N.S.
Andrei kadnikov vend ses pipes sur m-tabakerka.ru et pipeshouse.ru. Il participe au forum pipeclub.net.
Lire également: Rencontre avec le pipier russe Vladimir Grechukhin >
VUES
10 commentaires :
Elle est chouette cette pipe . Belle acquisition Nicolas :-)
Merci Cédric. Oui, je trouve aussi. Et elle fume merveilleusement bien.
Jolie canadienne Nicolas.
Un vari beau voyage, belle rencontre et belle pipe. Félicitations, Nicolas !
Elégantes proportions pour cette canadienne. Bravo, Nicolas. As-tu d'autres liens de site de vente. Sur celui-ci : http://pipeshouse.com/catalog/level_105.html , le pipier n'est pas présent. Quant au précédent, tout en cyrillique sans traduction anglaise, la recherche est difficile, voire impossible.
Merci à tous pour vos commentaires.
Jacques, tu as raison, je ne vois pas de Kadnikov sur pipehouse.com.
En revanche, sur tabakerka.ru, il y en a en ce moment (euh... dont la mienne, toujours en vente à ce jour... ???):
http://m-tabakerka.ru/category/kuritelnye-trubki-new/offset32/
(copier/coller le lien)
J'ai d'autres liens, mais pas de Kadnikov sur ces sites:
http://tabakeria.ru
supertabak.ru
Et le site basé â Saint-Pétersbourg:
http://www.pipeshop.ru
J'avais fait un article l'an dernier:
http://www.pipegazette.com/2014/11/pipeshopru-le-plus-grand-site-russe.html
Par ailleurs, je prépare un article sur les boutiques pipes/tabacs de Moscou.
Merci beaucoup Nicolas pour ces liens précieux et pour ton futur article sur les boutiques de pipes et tabacs moscovites. Une tentation supplémentaire d'aller faire du tourisme en Russie. L'Ermitage, St Basile, le monastère St Serge, des pipes artisanales à des prix intéressants et un bon choix de tabac. Peut-être que pour les nuits blanches en 2016 arriverais-je à convaincre mon épouse ... ?
Des nouvelles de cette jolie pipe Nicolas?
Je l'ai fumée à présent une vingtaine de fois, et je peux confirmer à présent qu'elle est excellente, surtout avec les virginia et les latakia. C'est une pipe qui respire, comme je le disais dans l'article. Elle est d'une taille moyenne, idéale pour les flakes.
Très jolie pipe; belle acquisition Nicolas.
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