Dylan Duchaud est vitrailliste. À 30 ans, à l'âge où l'on peut encore chercher son chemin, il a tracé sa route, sans suivre ni les sentiers battus ni les voies ordinaires.
Tout est surprenant chez Dylan. Originaire de Nancy, il a travaillé dans domaine social, puis la construction de bateaux à Sète, avant de s'installer à Ambleteuse, une toute petite ville de la Côte d'Opale, se formant au métier de vitrailliste, créant son atelier, se passionnant pour l'univers de la pipe, allant jusqu'à fédérer autour de lui un petit groupe de fumeurs en créant un club.
Il sera présent à Saint-Claude les 28 et 29 juin pour vivre le pipe show, les intronisations et le concours.
Pipe Gazette : pourquoi avoir choisi ce métier de vitrailliste ?
Dylan Duchaud : C’est d’abord une rencontre, avec le dernier maître verrier sur la côte, ici, dans le Pas-de-Calais. J’ai adoré l’univers dans lequel il travaillait, voir ces grandes tables en bois, des feuilles de verre dans de grands racks. J’étais jeune et je pensais que je n’avais aucune chance de pouvoir faire ce métier qui, je le précise, est très compliqué, car il faut à la fois gérer de grands chantiers sur des églises, faire de la reconstitution pour des vitraux manquants, découper de très fines feuilles de verre, peindre des personnages, des motifs abstraits … autant de points qui pourraient vite nous convaincre de baisser les bras.
Depuis quand es-tu installé ?
Cela fait maintenant cinq ans. J’ai d’abord commencé seul dans un petit chalet pendant plus d’un an, après des années de pratique dans les ateliers Lequien. Je cogère maintenant l’atelier avec mon épouse et nous avons un local bien plus grand et adapté pour accueillir du personnel.
Dans quelles circonstances t'es-tu mis à fumer la pipe ?
Ma première expérience gustative remonte à Sète. J’avais 18 ans et je fréquentais des marins qui naviguaient avec de vieux gréements. On avait l’habitude de réparer des voiliers et de partir en mer quand le temps le permettait. Ça a duré presque deux ans. Et de temps en temps, un ami qui avait l’habitude de faire des allers-retours au Brésil et à Cuba rapportait des cigares. Ils avaient une forme conique, des deux côtés, et il me montrait comment le couper en deux et le coincer dans une pipe. J’ai tout de suite adoré l’expérience, il m’a fallu deux ans pour commencer à fumer du tabac pour pipe traditionnel.
Combien as-tu de pipes environ ?
J’en compte aujourd’hui à peu près 80. J’ai un stock pour la maison, l’atelier, mon bureau, la voiture… J’adapte la forme de la pipe et le tabac en fonction du lieu.
Combien en fumes-tu par jour ?
Quand je travaille à l’atelier, je suis à cinq ou six pipes par jour car je suis bien plus concentré et adroit quand je fais un peu de fumée. Le week-end ou en vacances, c’est un peu moins, car je suis avec mes enfants et la pipe est un plaisir un peu égoïste, il faut avoir du temps devant soi.
Tu fumes donc en travaillant ?
La pipe est indispensable au travail. Je passe parfois des heures à dessiner, à peindre, à couper du verre, elle m’aide à garder ma concentration. Je m’assure au maximum que là où je me rends, il est possible de fumer. Et toutes les personnes qui viennent à l’atelier savent que je n’ai aucune gène à allumer ma pipe, que ce soit des confrères, des membres de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) ou simplement des amis. Tenir une pipe, l’allumer, la fumer, m’aide à tenir une certaine quiétude.
Quelles formes apprécies-tu ?
Je préfère les droites, avec de gros foyers, ça c’est le choix « visuel » et le meilleur choix pour le semois que je fume quotidiennement. Sinon, je prête beaucoup d’attention au poids, au séchage de la bruyère, à l’épaisseur des parois, à la lentille… Parfois ça tombe sur une courbée ou une cintrée, c’est un peu plus rare, mais ça arrive. Mes choix de prédilection vont d’abord vers Moretti, Nuttens, Ropp et parfois tout simplement vers des Saint-Claude classiques.
À part le semois, quels tabacs aimes-tu ?
Je préfère les tabacs qui ne sont pas aromatisés. J’avoue qu’après avoir goûté des merveilles grâce au Pipe Club Ambleteuse, je reviens toujours au traditionnel Semois de Vincent Manil. Ensuite, j’alterne avec du Scaferlati Bleu, du Saint-Claude… Toujours du naturel.
Parle-nous du Pipe Club d'Ambleteuse...
Le Pipe Club Ambleteuse fête déjà ses deux ans, nous avons maintenant un nombre de membres actifs assez régulier. Nous nous réunissons tous les mois quand c’est possible, dans une brasserie, ici à Ambleteuse, et parfois dans le restaurant d’un membre du club, que nous privatisons le temps d’un repas. Quand je suis débordé par le travail, je compte sur notre trésorier Adrien Ledet pour organiser la réunion et trouver le nouveau tabac à déguster. La participation est de 5 euros et nous ouvrons une boîte neuve. Ensuite, on sort nos tabacs personnels, c’est le temps d’échanger sur les dernières trouvailles, de prendre des nouvelles de chacun et de passer une bonne soirée essentiellement basée sur la dégustation. Un jour, peut être, un concours ici à Ambleteuse, pourquoi pas ?
7 commentaires :
Très beau portrait de Mr Duchaud et quel gentleman de surcroît.
Souhaitons plein de bonheur et de réussite pour lui et ses proches.
Merci à Nicolas de nous le faire connaître.
Alain du 66.
Passionnant. Quel beau parcours si jeune !
toujours intéressant ces portraits, merci Nicolas. à la deuxième photo, j'ai cru voir Jake Gyllenhaal, la ressemblance est frappante ici, clairement. non ?
Est-ce une Morel que Dylan fume sur la première photo ?
Un portrait tout en douceur d’un artisan passionnant aux gestes précis et chargés d’histoire. Merci Nicolas.
C'est une pipe Nuttens.
Merci pour ce portrait lumineux. Cette petite cité de la Côte d'Opale a une histoire particulièrement riche.
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