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Les premiers pas, elle les a faits peu après la naissance de son petit garçon, Gil. C'est d'ailleurs un peu grâce à ce petit bonhomme qu'elle s'est lancée, cette activité lui permettant de travailler chez elle et de rester non loin du bébé. Mais si elle excerce ce métier, c'est aussi grâce à son époux, Paulo, fumeur de pipe amateur de mélanges au latakia, qui lui même créait des bouffardes à ses heures perdues, avant de se passionner pour l'aéromodélisme.
Progressivement, avec beaucoup d'humilité et les conseils généreux de pipiers d'autres pays — dont le Grec Chris Asteriou — Sabina a coupé, percé, poncé, poli, rustiqué. Elle aime le travail des formes classiques de Chris, mais admire tout autant les réalisations d'un autre pipier grec, Konstantinos Anastasopoulos, de l'Américain James Gilliam, de l'Allemand Maike Paeßens ou de l'Ukrainien Konstantin Shekita. En deux ans, ce sont seulement quatre-vingt-dix pipes signées Sabina qui sont sorties de l'atelier, la plupart en bruyère italienne, parfois grecque. En créant notamment l'étonnante série Soul, au bois sculpté et ajouré, résultat d'heures entières passées à creuser à la Dremel, elle a su se distinguer. Mais des formes plus traditionnelles ont aussi été explorées, souvent rustiquées, alvéolées. "J'aime beaucoup les pipes rustiquées", confesse Sabina, tout en reconnaissant qu'elle commence à fabriquer aussi des lisses. D'autres pipes de Sabina sont le fruit de commandes particulières venues du monde entier.
"Lorsque je fabrique une pipe à la demande, j'informe mon client en lui envoyant des photos de l'évolution du travail, au fur et à mesure", précise Sabina. Une démarche qui satisfait pleinement sa clientèle, avec laquelle elle entretient une relation directe.
Dans l'espace bien équipé qu'elle a installé chez elle, dans une petite ville située à 20 minutes au nord de Lisbonne, les progrès de Sabina me semblent fulgurants. En peu de mois, elle a fait des bonds en avant décisifs. C'est avec joie qu'elle m'ouvre cet atelier. Et je tombe instantanément sous le charme de ses toutes dernières créations, encore sur l'établi: deux rhodesians. L'une est en bruyère, partiellement rustiquée, au foyer légèrement incliné vers l'avant.
Dans l'espace bien équipé qu'elle a installé chez elle, dans une petite ville située à 20 minutes au nord de Lisbonne, les progrès de Sabina me semblent fulgurants. En peu de mois, elle a fait des bonds en avant décisifs. C'est avec joie qu'elle m'ouvre cet atelier. Et je tombe instantanément sous le charme de ses toutes dernières créations, encore sur l'établi: deux rhodesians. L'une est en bruyère, partiellement rustiquée, au foyer légèrement incliné vers l'avant.
Le perçage (toujours à 4 mm) est parfaitement centré. D'ailleurs, l'adjectif parfait peut s'appliquer à tous les aspects de cette pipe.
L'autre est une magnifique pipe en morta avec de belles lignes, montée d'une allonge taillée dans un plateau de bruyère.
"J'ai fait beaucoup de pokers, mais maintenant j'adore fabriquer des rhodesians", explique Sabina, qui a ainsi réalisé sa première morta. À mon avis, un coup de maître. Et une belle façon de célébrer le deuxième anniversaire de son activité pipière. La jeune femme et jeune maman attend maintenant l'entrée à l'école de Gil. Elle aura ainsi davantage de temps pour travailler à l'atelier. "Mais il va me manquer", reconnaît-elle.
S'agissant de son mari Paulo, il est son premier fan et l'a encouragée dans toutes les étapes de son apprentissage. Ensemble, ils discutent des futures formes. Paulo fume surtout le soir des mélanges anglais ou balkaniques, Dunhill, GQ Tobaccos, ou du Peterson Old Dublin. Quand Gil est endormi, Sabina prend elle aussi le temps de faire un pause, appréciant la douceur du Peterson Sunset Breeze.
Sabina Santos n'est pas pressée, préférant, jour après jour, perfectionner son travail plutôt que fabriquer en grande quantité. "Et je compte dans le futur faire moi-même les tuyaux de A à Z, en ébonite et en cumberland", explique-t-elle. Patience et longueur de temps... Pourtant, en deux ans, le chemin parcouru est considérable. Ces deux rhodesians marquent l'entrée de Sabina Santos dans une ère nouvelle: celle des artisans qui savent conjuguer technique et fluidité. Ce à quoi j'ajouterai la gentillesse ainsi qu'un remarquable sens de l'accueil. Obrigado, Sabina!
N.S. (photos: Sabina and Paulo Santos)
18 commentaires :
J'ai suivi depuis quelque temps le travail de Sabina Santos et j'avoue que beaucoup de ses pipes m'on décontenancé: formes pataudes, sculpture pas à mon goût, lourdeur visible... Mais les deux présentées ici me font changer d'avis sur son travail et son évolution va vraiment dans le bon sens. Bravo Sabina, et merci Nicolas!
J'ai vu les prix des deux pipes: 200 € pour la bruyère et 500 € pour la morta.
C'est cher...
Compte tenu des heures de travail passées, en particulier sur la rhodesian morta, c'est à mon avis justifié.
@ Gilmieug: Oui, je pense que ces deux pipes sont en effet le début d'une nouvelle ère, l'entrée dans l'âge adulte en quelque sorte, ou la maturité si l'on préfère. De plus, Sabina a une qualité qui est le signe des grands: elle est modeste.
500 € pour une pipe d'une pipière encore débutante, je trouve que c'est élevé. Mais je ne veux pas creer de polémique ! :-)
Je dois avouer que je ne connaissais pas le travail de Sabrina.
Merci donc Nicolas pour cette découverte.
Je suis plutôt séduit par la personnalité de cette pipière et par les réalisations que je découvre sur son site.
Ce sont des pièces uniques, on aime ou pas ... moi j'aime.
Bravo à cette "jeune" pipière !
Je trouve ce travail remarquable , surtout sur la pipe en morta. Bravo Sabrina !
Juste un petit mot en plus : Pierre Morel, qui a 40 ans d'expériences, ne vend pas à plus de 200/300 €.
Le prix de la bruyère est parfaitement accessible. La morta, oui, c'est élevé.
Merci pour cet article qui nous fait découvrir Madame Santos.
Cette dame a l'air très sympathique. Je lui souhaite plein de succès.
Excusez-moi, je retire ce que j'ai dit sur les prix, c'est une connerie de ma part.
Pas de problème, Alain, chacun a le droit d'avoir son point de vue et de l'exprimer. Et chacun accepte le débat.
Fêlicitation pour la "pipière". Pour m'a part deux découvertes un artisan pipier au féminin et le plaisir de découvrir qu'il existe également des pipiers au Portugal.
Merci pour cette rubrique.
Jack
Merci beaucoup !
Je ne suis pas fan de ses tuyaux, que je trouve trop massifs. Encouragements tout de même, elle débute.
la morta est à couper le souffle!
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