Le latakia ne bénéficie pas d'une grande popularité en France, associé à l'image peu flatteuse d'une pipe qui empeste. On lui préfère, chez la plupart des fumeurs contemporains, les mélanges aromatiques qui, à défaut de contenter pleinement le pétuneur lui-même, ravissent son entourage.
Honni par les uns, adoré par les autres, ce tabac fumé au feu de bois, originaire de Chypre ou de Syrie (lire l'article de Russ Oulelette), mérite cependant d'être appréhendé sans passion excessive, découvert en douceur et expliqué avec patience.
Contrairement à une idée reçue, le latakia n'est pas fort. Il génère, certes, une puissance au parfum dégagé dans la pièce ( la fameuse "room note"), mais ne s'avère aucunement fort en bouche, selon les a priori qui lui attribuent parfois un caractère saoulant. Il m'a été donné de fumer du latakia pur, sans mélange avec des virginie ou des perique: je peux affirmer qu'il ne m'a procuré aucun trouble et, en tout état de cause, bien moins de désagrément buccal que nombre de mélanges aromatiques sirupeux, générateurs de picotements linguaux.
Néanmoins, on ne saurait inciter un fumeur à découvrir tête baissée l'univers du latakia; il n'en appréciera les subtilités qu'en l'abordant au travers d'assortiments choisis, réputés pour leur particulière douceur. De même, il convient de prendre en compte son entourage, dont il ne faut pas brusquer la sensibilité olfactive; un impair en la matière couperait court définitivement à toute exploration nouvelle de tabacs de cette catégorie, sauf à décider d'une séparation de corps.
Alors, que faire ? Comment satisfaire le fumeur de pipe curieux mais dubitatif et ne pas contrarier ceux qui l'entourent par des fumées réputées nauséabondes ? La solution à ce casse-tête réside sans doute dans un choix: celui du Frog Morton, mélange concocté par la maison américaine McClelland. L'appellation de ce tabac fait référence au célèbre "Seigneur des anneaux": il s'agit en effet du nom d'un village dans l'oeuvre de J.R.R. Tolkien.
Composé de latakia et de virginie, ce Frog Morton se révèle d'une étonnante subtilité: onctueux, rond en bouche, il se montre d'une parfaite légèreté du début à la fin. Cette régularité, de l'allumage à la combustion du dernier brin, constitue une qualité rare, tant il est vrai que bien des mélanges prometteurs au départ déçoivent rapidement, devenant piquants ou perdant de leur saveur. La combustion offre par ailleurs une grande satisfaction, dans la mesure où il n'est que rarement nécessaire de rallumer le fourneau.
De plus, pour l'avoir testé en société, il m'a été permis de ne constater aucune réflexion désobligeante quant à l'arôme qu'il dégage. Pas d'enthousiasme particulier, certes, mais pas de remarques assassines. C'est déjà ça.
Alors, si vous êtes réfractaire aux mélanges contenant du latakia, tentez l'expérience du Frog Morton. Emiettez bien votre tabac, réalisez un bourrage léger, allumez-le vigoureusement en tirant avec puissance. Tassez, rallumez. Puis, une fois la combustion partie, aspirez doucement et régulièrement. Vous découvrirez peut-être les subtiles nuances d'un mélange doux et puissant, oxymore tabacologique qui décrit parfaitement la réalité de ce Frog Morton, particulièrement équilibré.
VUES
Honni par les uns, adoré par les autres, ce tabac fumé au feu de bois, originaire de Chypre ou de Syrie (lire l'article de Russ Oulelette), mérite cependant d'être appréhendé sans passion excessive, découvert en douceur et expliqué avec patience.
Contrairement à une idée reçue, le latakia n'est pas fort. Il génère, certes, une puissance au parfum dégagé dans la pièce ( la fameuse "room note"), mais ne s'avère aucunement fort en bouche, selon les a priori qui lui attribuent parfois un caractère saoulant. Il m'a été donné de fumer du latakia pur, sans mélange avec des virginie ou des perique: je peux affirmer qu'il ne m'a procuré aucun trouble et, en tout état de cause, bien moins de désagrément buccal que nombre de mélanges aromatiques sirupeux, générateurs de picotements linguaux.
Néanmoins, on ne saurait inciter un fumeur à découvrir tête baissée l'univers du latakia; il n'en appréciera les subtilités qu'en l'abordant au travers d'assortiments choisis, réputés pour leur particulière douceur. De même, il convient de prendre en compte son entourage, dont il ne faut pas brusquer la sensibilité olfactive; un impair en la matière couperait court définitivement à toute exploration nouvelle de tabacs de cette catégorie, sauf à décider d'une séparation de corps.
Alors, que faire ? Comment satisfaire le fumeur de pipe curieux mais dubitatif et ne pas contrarier ceux qui l'entourent par des fumées réputées nauséabondes ? La solution à ce casse-tête réside sans doute dans un choix: celui du Frog Morton, mélange concocté par la maison américaine McClelland. L'appellation de ce tabac fait référence au célèbre "Seigneur des anneaux": il s'agit en effet du nom d'un village dans l'oeuvre de J.R.R. Tolkien.
Composé de latakia et de virginie, ce Frog Morton se révèle d'une étonnante subtilité: onctueux, rond en bouche, il se montre d'une parfaite légèreté du début à la fin. Cette régularité, de l'allumage à la combustion du dernier brin, constitue une qualité rare, tant il est vrai que bien des mélanges prometteurs au départ déçoivent rapidement, devenant piquants ou perdant de leur saveur. La combustion offre par ailleurs une grande satisfaction, dans la mesure où il n'est que rarement nécessaire de rallumer le fourneau.
De plus, pour l'avoir testé en société, il m'a été permis de ne constater aucune réflexion désobligeante quant à l'arôme qu'il dégage. Pas d'enthousiasme particulier, certes, mais pas de remarques assassines. C'est déjà ça.
Alors, si vous êtes réfractaire aux mélanges contenant du latakia, tentez l'expérience du Frog Morton. Emiettez bien votre tabac, réalisez un bourrage léger, allumez-le vigoureusement en tirant avec puissance. Tassez, rallumez. Puis, une fois la combustion partie, aspirez doucement et régulièrement. Vous découvrirez peut-être les subtiles nuances d'un mélange doux et puissant, oxymore tabacologique qui décrit parfaitement la réalité de ce Frog Morton, particulièrement équilibré.
VUES
8 commentaires :
Je ne suis pas fana du latakia mais j'essairai celui la si je le trouve.
Le latakia qui incommode l'entourage (nauséabond !), c'est la première fois que j'entends ça !
Voilà l'explication tant attendue à la désaffection française vis à vis des mélanges en contenant, alors qu'il est considéré comme la quintessence du bon goût outre Manche (et aussi pour beaucoup, outre Atlantique). C'est donc aussi pour ça que Dunhil s'est retiré de chez nous ?
A lire cet article, on a l'impression que les britanniques, qui fument des mélanges harmonieux et raffinés (100% tabac avec des orientaux et du latakia), se complairaient dans des odeurs de chaussettes peu ragoûtantes, alors que les français choisiraient des tabacs aromatiques pour ne pas choquer leur entourage !
Certains tabacs contenant du latakia sont effectivement forts, comme par exemple le Margate. Mais une pipe de Caporal Export incommodera autant (si ce n'est plus).
Enfin, cette tentative de convertir un territoire aussi réfractaire mérite d'être saluée. Mais il est dommage que la raison invoquée à la désaffection française vis à vis du latakia soit celle-là (et si imméritée !).
Nauséabond ! Je n'en reviens pas.
Oh oui,j'ai eut à subir les conséquences. Pas chez vous ? On peut échanger ?
Pour les voyageurs du net: http://www.4noggins.com/mcclellandfrogmortononthebayou100g.aspx
Je suis fumeur de pipe, mais je ne suis francais et je ne comprends pas quelles sont les différences entre les divers tabacs brus (Caporal, Gris, Scafarlatti, Semopis...)
Je serais très reconnaissante si quelqu'un pouvait m'expliquer
cordialement
Toni Delgado
Bonjour. Tous ces tabacs dits "bruns" font partie de la même famille. Ce sont des plants de kentucky ou de paraguay, dont les feuilles subissent une torréfaction.
Vous pouvez à ce sujet lire cet article:
http://pipegazette.blogspot.fr/2008/11/des-hommes-preferent-les-bruns.html
Merci Nicolas
Toni Delgado
Étant fumeur de bruns, Scaferlati et bien sur les Semois. Ces trente dernières années j'ai eus une longue période aromatiques, mais je m'en suis lassé. Il y a quelques mois j'ai eu l'occasion de gouter à quelques mélanges Latakiés. Quel choque!! C'est très bon, et quand à leurs "parfums" J'adore. Mon entourage trouve cela très agréable, jusqu'à présent je n'ai subis aucune remarque désobligeante. J'en fume quotidiennement, et je l'espère pour longtemps. Je note le Frog Morton dans ma liste. Une expérience que tous fumeurs de pipes, ce doit de faire, quitte à ne pas aimer.
Cordialement.
Bonnes pipées à tous.
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