Pierre Voisin, de la Pipe du Nord à Paris, vient d'acquérir une cabine de sablage. Il m'a aimablement proposé de m'essayer à cet art difficile, consistant à sabler une pipe pour en creuser le bois et mettre en avant ses veines. C'est à une pipe Denicotea que j'ai fait subir ce traitement. Une pipe au joli grain, mais présentant quelques minuscules points de mastic. Je ne risquais rien.
L'opération consiste à projeter sous haute pression sur le bois, non pas du sable à proprement parler, mais en l'occurrence de la silice. On introduit ses mains et ses bras dans de longs gants très épais qui permettent d'agir tout en se protégeant.
Propulsée au bout d'une buse, la silice doit être projetée avec précaution: il faut trouver la bonne distance et le bon mouvement, suivant le veinage du bois et son orientation pour obtenir un creusement régulier et relativement prononcé, mais ne déformant pas la ligne générale de la pipe.
L'opération est donc à réaliser avec calme et vigilance: il ne faut pas hésiter à faire des pauses pour observer le résultat progressif du travail.
Au bout d'une dizaine de minute seulement, bien conseillé par Maître Pierre, j'ai obtenu un sablage qui me satisfait pleinement. Les lignes de la bruyère les plus tendres se sont creusées davantage que les autres. La structure du bois est magnifiquement mise en valeur. Ne reste plus qu'à lui donner une légère coloration.
Le sablage nécessite une vraie attention et donne un magnifique résultat sur une pipe qui possède, au départ, un veinage intéressant. Certes, on peut sabler un bois quelconque, mais le rendu sera, lui aussi, quelconque. Quoi qu'il en soit, l'opération me semble bien plus rapide que ce qu'on lit parfois sur internet.
Nicolas