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Exemple

23 février 2013

> LE BONHEUR DU FUMEUR DE BLEU

La Régie française des tabacs, puis la Seita, puis Altadis, puis Imperial Tobacco, puis de nouveau le nom Seita: les entreprises s'associent, se dévorent, se consument, renaissent de leurs cendres. Les marques s'effacent, se remplacent, réapparaissent. Les usines ferment, d'autres se délocalisent. Mais dans cet imbroglio économique, et quelle que soit la maison mère, ils persistent, ces trois parallélépipèdes (tiens, il y a pipe, dans parallélépipède), tantôt rectangles, tantôt cubes. 
Aujourd'hui, quelle qu'en soit la couleur, l'emballage reste le même, seul le bandeau change: le Gris bandeau orange de force moyenne, le Vert plus léger (soit disant dénicotinisé) et le Bleu, le plus costaud.
Depuis la fermeture de l'usine de Metz en 2010, ces cubes sont fabriqués dans le centre Imperial Tobacco de Joure, au nord des Pays-Bas.
Retour aux fondamentaux, grâce à un buraliste d'un village de la Nièvre: sur ses rayons, un Bleu pas nouveau dans le métier. Le Bleu de chez Bleu. Tout bleu, quoi. Oui, en 2013. 
-Z'avez encore du Bleu tout bleu ? Mais ça fait des années qu'il est plus comm'ça ! Doit êt'sec !"
-Eh ben, j'vous l'donne. Ca fait bien sept ans qu'je l'ai. J'le vendrai plus".
-Euh, merci. Mais, pour sûr, doit être sec".
-Ben, vous l'mettrez à la poubelle!"
Me voilà donc équipé d'un cube bleu qui a déjà fait un septennat. Ce sera sûrement pour le musée du tabac que je n'ouvrirai jamais.
De retour à la maison, ce paquet m'intrigue. Et si je l'ouvrais, non sans l'avoir immortalisé numériquement ?
Certes, cela fait belle lurette que ce tabac n'a pas vu une goutte de rosée. Sec. Archi-sec. Mais pas encore en poussière. Il conserve une certaine tenue. Et si j'essayais ?


Aussi sec, je m'en emplis un gros fourneau et l'allume en rien de temps.
Surprise: je lui trouve instantanément un arôme délicieux. Ce petit goût si particulier de tabac torréfié, que l'on perçoit également avec certains semois. De la force, certes, mais une force tranquille, une combustion parfaite, si bien qu'on n'est nullement tenté de tirer comme une brute. Juste de petites aspirations maintenant le foyer qui dégage une fumée fraîche. Bref, à mes papilles autant qu'à mes narines: le rêve.

Est-ce le charme suranné de ce paquet cubiste de la période bleue qui m'a fait tourner la tête ? Ou le Bleu est-il tout simplement, lorsqu'il est fumé sec, un simple délice ? Je vous laisse juge. Demandez à votre buraliste ce Scaferlati Caporal Bleu, ce paquet gris ceinturé de bleu. Laissez sécher, emplissez, respirez.


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VUES

6 commentaires :

Alain a dit…
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Anonyme a dit…

Un bon tabac sans chichi et au gout de terroir. J'y reviens souvent.
Marc

Fumeur97 a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Nicolas de Pipe Gazette a dit…

Pardon Alain et Fumeur97, j'ai supprimé vos commentaires par erreur (fausse manipulation...)

Alain a dit…

Pas de souci Nicolas. Je persisterai dans mon propos au sujet du cube de Gris. Le bandeau bleu est mon préféré et je le fume tous les jours. Un tabac bien plus subtil qu'il n'y parait. Vivant en Bretagne, je le trouve facilement. Et je le fume de même.

Ernie a dit…

Je ne peux passer à côté pour vous faire un retour sur ce tabac. L'ayant découvert dernièrement un peu par hasard et cherchant des informations, je tombe sur ce post. Eh bien je ne peux qu'approuver vos retours. C'est mon graal que je fume ! Au diable les aromatiques, enterrés les mélanges anglais. La simplicité rustique, la petite touche torréfiée... Wahou ! Je ne peux que vous le conseiller.