...
Exemple

05 avril 2009

> J'AI TESTE UNE PIPE SENATOROV


5 avril 2009

Sergei Senatorov est né à Riga, en Lettonie, en 1982. A l'âge de 10 ans, il a fabriqué sa première pipe en bois de pin, en se servant de papier de verre et d'outils rudimentaires. En 2006 , il s'est mis à faire des pipes en bruyère sérieusement. Il utilise, pour ses tuyaux, la meilleure ébonite allemande.

Ce jeune pipier a réussi à se faire rapidement connaître dans le monde entier sur le web, grâce à son site internet et aux forums de discussions sur lesquels il fait part régulièrement de ses nouveautés. Il a raison, ça marche. Le fait est que ses pipes, à des prix inférieurs à la plupart des danoises et des américaines, ont attiré l'oeil -grâce à d'excellentes photos- par la qualité du bois et l'aspect soigné des finitions. On a également remarqué le soin apporté aux teintures contrastées, la beauté de ses sablages qui ressemblent parfois à du rusticage, sa capacité à faire des grandes classiques autant que des formes plus audacieuses.

J'ai donc acquis une pipe Senatorov, pour constater à pleines mains et de mes propres yeux la qualité du travail. Et aussi, pour dire la vérité, parce que j'en avais envie depuis un moment. Plusieurs m'étaient passées sous le nez, d'autres ne me satisfaisaient pas a priori. Mais là, cette billiard aux beaux atours n'allait pas m'échapper ! Un ou deux clics, un réglement par Paypal et le tour était joué.

Je ne suis pas pipier, mais fumeur. Je ne suis pas professeur agrégé ni docteur ès pipes, mais amateur passionné qui tient une gazette. C'est à ce titre, et rien de plus, que je vous livre mon témoignage.

Tout d'abord, le contact avec Sergei s'est établi rapidement et efficacement. Commandée sur le site, la pipe est arrivée en une dizaine de jours en France, bien emballée. Voilà le genre de choses qui comptent quand on fait du e-commerce.


Première impression: comme c'est assez souvent le cas lorsqu'on achète sur photos, c'est une découverte. Non pas que l'on soit forcément déçu, mais disons que si les images sont un excellent indicateur, elles ne sont pas la réalité. Il est à noter que les photos du site de Senatorov sont de très bonne qualité, mais même dans ce cas-là, il existe bien une différence de perception de l'objet entre l'observation sur un écran et la vision directe, sans passer par les pixels...

En clair, j'ai été un peu surpris en ayant déballé frénétiquement mon paquet: la pipe que j'avais en main était bien, certes, celle que j'avais achetée, mais je ne la voyais pas tout à fait comme cela. C'est en partie irrationnel, mais je l'imaginais moins brillante par exemple. Ayant cru qu'elle était vernie, ce dont j'ai horreur, je me suis empressé de la frotter énergiquement avec mes doigts: immédiatement, il s'est avéré que c'était de la cire très lustrée. Ouf !

Un autre détail, qui n'apparaissait pas sur les images pourtant nombreuses: une multitude de taches noires très marquées au fond du fourneau. Contacté, Sergei m'a répondu immédiatement et aimablement qu'il s'agissait de quelques gouttes de teinture qui étaient tombées au fond. Même chose d'ailleurs à l'intérieur de la tige. Me voilà une fois de plus rassuré. Je l'avais auparavant montrée à deux pipiers, qui pensaient comme moi qu'il s'agissait d'un défaut du bois.

La pipe est belle et agréable à fumer: flamme sur le pourtour, oeils-de-perdrix au dessus et sous le fourneau, élégance de la ligne, avec une tige fine et une tête légèrement inclinée vers l'avant, bonne ouverture de lentille et bec peu épais, confort en bouche, légèreté, perçage large permettant une combustion régulière sans tirer fort... rien à dire, ou plutôt si, que du positif.

Pour un peu plus de cent euros , je suis le propriétaire d'une bonne et belle fumeuse lettone. Après quelques inquiétudes injustifiées, je suis un homme heureux.
Nicolas


01 avril 2009

> Erwin Van Hove intronisé à Saint-Claude


CECI ETAIT UN POISSON D'AVRIL !
L'un des meilleurs spécialistes du monde pipier, le Belge Erwin Van Hove, va être intronisé le 12 juin prochain au sein de la Confrérie des pipiers de Saint-Claude. C'est une énorme surprise, dans la mesure où ce fumeur et collectionneur averti n'a jamais mâché ses mots envers les pipiers sanclaudiens."Certes, j'ai souvent critiqué les pipes françaises, notamment Chacom, Butz-Choquin, Genod et Morel, qui par exemple faisait des tuyaux trop épais. Mais qui aime bien châtie bien ! Et puis, j'ai sans doute parfois été trop loin. J'adore provoquer, c'est dans ma nature. Je ne peux pas m'en empêcher", a expliqué Erwin. Récemment encore, il s'est insurgé contre l'emploi de l'expression "la Mecque de la pipe" à propos de la ville jurassienne. 
De même, il s'est étonné que la Confrérie ne dispose pas de site internet, à l'heure où l'existence de toute structure passe par le web. Enfin, il a fustigé les intronisations, les comparant à des "rituels folkloriques".
Cette nouvelle marque-t-elle l'enterrement de la hache de guerre ? Pas sûr, car Erwin, tout en étant "surpris, heureux et fier d'être reconnu par le berceau de la pipe en bruyère et de recevoir l'écharpe de cette digne société", prévient qu'il gardera "son indépendance et son esprit polémique".
Du côté de la Confrérie, on affirme que " Monsieur Van Hove est une personnalité incontournable de la pipe". S'agissant des polémiques lancées par l'intéressé sur les pipiers français, les responsables déclarent "ne pas avoir le temps de lire tout ce qui s'écrit sur internet, ayant une entreprise à gérer dans une situation délicate en ce moment".
Rendez-vous donc à Saint Claude le vendredi 12 juin. Erwin, comme c'est la tradition, offrira au Musée de la Pipe l'une de ses bouffardes. Il envisage de faire don de "l'une de ses Eltang golden contrast ou une Rad Davis sablée en ring grain". Il recevra de son côté un coffret de trois "bruyères véritables".
Après l'intronisation, lors du dîner de gala, le nouvel impétrant devra prononcer un discours. Nul doute qu'il glissera quelques piques et quelques traits d'humour dans une intervention qui, si l'on en juge par la densité et la richesse de ses articles, risque de se terminer le samedi 13.          
Nicolas

VUES

20 mars 2009

> LE GRAND TOM


Très tôt, un jeune danois nommé Tom Eltang s'est intéressé à la réalisation des pipes. Dès l'âge de 6 ans, paraît-il. A 11 ans, il a bricolé sur son premier kit, reçu de chez Pipe Dan. Présenté à sa compatriote Anne Julie à l'âge de 16 ans et après lui avoir montré ses premières oeuvres, il a été pris en apprentissage. C'est là que Tom a développé sa recherche de l'harmonie, de l'équilibre et la technique de teinture par contraste. Après trois ans avec Anne Julie, Tom a choisi d'aller travailler pour Dan Pipe, réalisant des réparations, mais se montrant également capable de faire ses propres pipes. Comme beaucoup, Tom a constaté que le travail de réparation constituait une excellente expérience. Après trois ans chez Pipe Dan, Eltang est passé chez Stanwell. C'est au début des années 1980 qu'il a décidé de voler de ses propres ailes. Ce qui ne l'a pas empêché de poursuivre une collaboration avec l'usine danoise, en travaillant sur le design de certains modèles. Actuellement dans sa cinquantième année, Tom est considéré depuis le début de la décennie comme l'un des plus grands pipiers du monde. Petit Tom est devenu grand Eltang.

Tom vit et travaille dans la banlieue de Copenhague. Son oeuvre se caractérise par la créativité ( formes elephant foot, snail...), ses finitions ( le fameux golden contrast, qui donne un aspect léopard à ses couleurs, le guillochage en forme circulaire), et le soin apporté à l'exécution ( perçage, finesse des tuyaux et des lentilles).
D'aucuns s'étonneront des prix parfois astronomiques atteints par les pipes Eltang, souvent plusieurs centaines d'euros, parfois plus de mille, voire deux mille euros. Chacun aura un avis à ce sujet. L'on entendra aussi bien: "C'est de la folie de payer une pipe ce prix-là " que "Vous n'avez rien compris, ça les vaut largement"...
Le fait est que tout le monde ne peut pas se payer une Tom Eltang. Le fait est, également, qu'on achète dans ce cas une pièce absolument unique, au grain parfait, qui a demandé des jours de travail... tout ce qui, par définition, n'a de prix. Ou plutôt le prix que les collectionneurs ou les grands amateurs éclairés sont prêts à mettre. Dans ce domaine, ni comparaison ni raison.

Les seules question et réponse qui ne soient pas empreintes de subjectivité ni de passion sont : une Tom Eltang de 1500 euros fume-t-elle mieux qu'une belle Stanwell de 150 euros ? La réponse est non, pas forcément mieux, mais sûrement aussi bien.

Tom, conscient du caractère inabordable de ses créations pour une majorité de fumeurs de pipe, a lancé une gamme meilleur marché, sous la marque "Sara Eltang".
Ainsi nommée en l'honneur de l'une de ses filles, les pipes Sara Eltang sont fabriquées par Tom avec Kurt Hansen, Pia et Sara dans l'atelier Eltang .

"Je voulais créer des pipes avec une qualité de fabrication comparable à des pipes de haut de gamme, mais à un prix raisonnable", disait Tom au lancement de cette nouvelle ligne pipière. Objectif atteint. Ce qui ne signifie pas qu'une Sara vaut une Eltang, mais que l'on peut, en payant entre 100 et 200 euros, profiter d'un excellent et élégant outil de fumage. Ce qui n'exclut pas la possibilité de trouver, dans la bruyère des Sara, quelques "sandpits", quelques minuscules points de sable, ce qui est après tout parfaitement naturel dans la matière vivante qu'est le bois. La différence entre une "vraie" Eltang et une Sara tient également au fait que les formes de ces dernières restent classiques et que les tuyaux sont en acrylique.

Tom dit volontiers: It's good to be a pipe maker... Nous lui répondons: It's good to be a pipe smoker too ! Nicolas


Le site de Tom Eltang: http://www.eltang.com/ny/index.html

Les revendeurs des pipes Eltang dans le monde:


___________________________________________

EN BREF...
-DERNIERE MINUTE: Trever Talbert rentre aux USA ! Après 7 ans passés à Herbignac (sud de la Bretagne), où ils avaient repris l'affaire de Patrice Sébilo, Emily et Trever vont faire le chemin inverse fin avril ou en mai. Les raisons invoquées par Trever sur son blog sont multiples: une année 2008 difficile, le change euro/dollar peu favorable à l'exportation, des lourdeurs administratives... Le couple retouvera la Caroline du Nord et l'activité pipière reprendra pour eux, le temps de remettre les machines en marche...




-Evénement: le pipe-show de Lohmar (Allemagne) se tiendra samedi 28 mars. Pour voir la liste des participants, rendez-vous sur le site Pfeifen-Messe, régulièrement mis à jour.


-Maigret de retour ? Selon Télé Star, le commissaire Maigret va faire son grand retour sur France 3. Alors que Bruno Cremer a rendu, il y a 3 ans à peine, son imperméable du Commissaire fumeur de pipe, le magazine annonce que les premières enquêtes du personnage créé par Georges Simenon vont revenir sur nos petits écrans. France 3 a en effet confié au producteur et réalisateur Gérard Jourd'hui le tournage de plusieurs épisodes de la série. Reste à savoir qui incarnera le fameux policier pétuneur !

-Roland au travail: après plusieurs mois de silence, le pipier allemand Roland Schwartz semble reprendre la fabrication. Ses pipes sont d'excellente qualité, tout en conservant des niveaux de prix corrects: http://www.roland-briars.de/ . Roland n'est pas pipier à plein temps.


-L'autre pays du cigare: Jean-Pierre Petyt (voir article dans un précédent numéro de Pipe Gazette) rentre d'un voyage d'étude au Nicaragua. Une immersion totale dans le monde du tabac, comme on le voit sur la photo ci-contre !

17 mars 2009

> DEUX CAMBRIOLAGES CHEZ CHACOM



Voici deux articles paru dans le journal "Le Progrès", à propos des vols importants perpétrés chez Chacom au mois de mars à Saint-Claude.






Le créateur-distributeur sanclaudien est perplexe: les pipes volées étaient en cours de finition
Ranger, Galilée, Arabesk, Panel, Canard, Opéra, Mozart, Atlas. Inutile de tenter de déchiffrer, ceci n'est pas un message codé.
Il s'agit des noms des pipes dérobées chez Chacom, créateur et distributeur de pipes, à Saint-Claude, dans la nuit de vendredi à samedi.
407 pipes au total, « des bas de gamme mais hélas aussi des très haut de gamme » déplore Antoine Grenard (photo), dirigeant de l'entreprise. S'il est vrai, que cela ne pèse pas énormément dans la globalité du stock, le préjudice s'estime malgré tout à 8 000 euros, sortie d'usine, soit une valeur marchande de près de 25 000 euros. Certaines d'entre elles, (notre photo) dont la pipe de l'année, avoisinent les 250 euros pièce à la vente.
Le capitaine Viarouge, qui commande la compagnie de gendarmerie de Saint-Claude « n'a jamais été confronté à ce type de vol » depuis qu'il est arrivé il y a quatre ans. Chez Chacom, c'est la même chose. « Nous avons déjà été cambriolé deux ou trois fois, mais jamais pour nous dérober des pipes » déclare perplexe le chef d'entreprise.
Surtout de cette façon, serait-t-on tenté de dire. Car les cambrioleurs ne se sont pas contentés d'entrer dans l'atelier finition de l'entreprise et de prendre ce qui était visible. Ils ont fait un choix. Quelques-unes comme ci, quelques-unes comme ça. « Ils n'ont pris aucune pipe « très flashy »
Celles avec la bague en argent par contre, oui ». Ainsi que deux nouvelles pipes non commercialisées pour l'heure.
Surprenant. D'autant que toutes ces pipes, en cours de finition, possédaient déjà sur leur tuyau l'insert de la marque « CC ». Certes, elles n'étaient pas estampillées, mais la présence de l'insert, permet de les identifier et risque d'en compliquer la revente.
À moins que les cambrioleurs aient prévu de les écouler par lots sur internet. Là non plus l'affaire n'est pas gagnée « j'ai déjà alerté tous nos partenaires, nos clients, en France et à l'étranger » précise Antoine Grenard.
De cette façon, il espère que l'alerte sera donnée au moindre mouvement de tentative de vente.
Mais pour l'heure, deux questions demeurent. Comment les cambrioleurs sont-ils entrés « car il est peu probable qu'ils soient entrés par l'arrière de l'usine, et pourquoi avoir choisi l'atelier de finition, plutôt que le magasin ?
L'enquête de la brigade sanclaudienne se poursuit.
Christelle Lalanne

Chacom cambriolé deux fois en une semaine


Après une première visite le premier week-end de mars (400 pipes volées), le pipier haut jurassien, Chacom a, de nouveau, été victime d'un cambriolage ce week-end. Le préjudice est estimé cette fois à 2 280 euros. Si le montant est si précis, c'est que le butin des cambrioleurs était une commande prête à partir. Une commande contenant quinze pipes, des blagues à tabac, des étuis et fume-cigarette, briquets et cendriers de poche. La brigade sanclaudienne poursuit ses investigations.



01 mars 2009

> PETERSON: LE MYTHE ET SES LIMITES


Peterson: une maison fondée à Dublin en 1865, quand le pipier Charles Peterson s'est joint aux frères Kapp, eux-mêmes fabricants et marchands dans la ville irlandaise, dans Grafton Street. C'est Charles Peterson lui-même qui a conçu, dans la dernière décennie du 19° siècle, le fameux système de réservoir censé retenir le jus de pipe, puis la non moins célèbre lentille, percée sur le haut du tuyau, supposée envoyer la fumer vers le palais et ainsi éviter les brûlures de la langue. Ainsi commence l'histoire de la marque de pipes aujourd'hui la plus vendue au monde, qui chaque année édite des séries limitées, notamment pour la Saint Patrick. C'est donc avec une certaine émotion que je me suis rendu dans ce qui devait être le saint des saints de la pipe irlandaise et mondiale: le magasin Peterson, au 117 Grafton Street, à Dublin.

Juste en face de la célèbre université de Trinity College, on ne peut manquer la devanture de Peterson, en plein coeur de la ville. La vue de la vitrine est une bonne indication: des pipes, mais pas tant que cela. Surtout des accessoires pour fumeurs et autres objets plus ou moins proches du monde des pétuneurs.
En entrant, à droite, le comptoir, deux vendeurs et un petit choix de tabacs. Rien de plus et surtout rien de moins cher que sur le continent...
Au fond, une porte en verre ouvrant sur la pièce enfermant les cigares, maintenus ainsi à un taux d'humidité nécessaire à leur conservation.
A gauche, le mur des pipes, derrière des vitrines coulissantes. Une jolie palette a priori. Cela tombe bien, j'avais une commande d'un ami, qui m'avait demandé de lui acheter plusieurs modèles référencés. C'est donc avec ma "liste de courses" que je me suis avancé vers l'un des vendeurs.


-Avez-vous la Sherlock Holmes Baskerville rustiquée, please ?
-No Sir.
-Et la Flame grain de la forme 05 ?
-Sorry, no.
-Tant pis... alors la Rosslare Royal Irish sablée, forme 606 ?
-No more...
Certes, le catalogue Peterson est épais et on peut comprendre qu'il n'est pas possible d'exposer en permanence toutes les formes, dans toutes les finitions...Mais tout de même ! Sans doute m'étais-je imaginé un magasin idéal, une sorte de maison mère dans laquelle on trouverait forcément à peu près de tout, en cherchant bien, quitte à fouiller dans les tiroirs ou à aller regarder dans une réserve.
Question prix, contrairement à des bruits qui courent, ne vous attendez pas à faire des affaires exceptionnelles. Sans doute la série Standard System et System De Luxe sont-elles meilleur marché qu'en France, mais c'est à peu près tout.
Intéressant en revanche, le rayon des "secondes": des Peterson qui présentent un léger défaut et qui ont été déclassées. Elles sont vendues à des tarifs très attractifs.
Bref, si vous avez prévu de vous rendre à Dublin, une étape s'impose dans la rue Grafton. Mais la visite seule ne mérite pas le voyage.
Le quartier des pubs, Temple Bar, lui, vaut vraiment le déplacement, même si on ne peut plus fumer à l'intérieur ! De même que l'imposante bibliothèque en bois de Trinity College, qui proposait une exposition sur le thème des détectives dans les romans, en première place desquels se trouve, of course, le fameux Sherlock Holmes. Oui, Sherlock Holmes, comme la série de chez Peterson. Décidément...    Nicolas.

Revue de presse. Dans le dernier numéro de "Boutique Pipe", supplément de la Revue des Tabacs (n°37-mars 2009), un reportage de Gabrielle Doira dans l'usine Peterson, également située à Dublin, dans les quartiers sud de la capitale. Selon Boutique Pipe, la bruyère utilisée est importée d'Algérie, d'Italie et de Corse, sous forme d'ébauchons déjà tournés. L'entreprise, rachetée en 1991 par Tom Palmer, produit annuellement de 70 000 à 75 000 pipes, exportées vers plus de 50 pays ( en tête: USA, Royaume-Uni, Russie, Allemagne et France). En France, les Peterson sont distribuées par Chacom.


PETERSON ET VOUS ? Les Peterson déclenchent les passions. Inévitablement. A leur sujet, comme en politique ou en football, les débats s'enflamment vite entre les partisans et les opposants. On y rencontre les adorateurs du "system", les inconditionnels du réservoir, les détracteurs du P-Lip, les aficionados de la virole, ceux qui détestent leurs bruyères et ceux qui les trouvent parfaites, ceux qui se pâment devant leurs écumes et ceux qui restent de marbre... sans qu'il soit envisageable de les départager raisonnablement.
Nous avons donc sollicité des fumeurs, afin qu'ils nous donnent leur avis. Pour ou contre les Peterson ? Bien malin celui qui en tirera une conclusion définitive !
-J'ai 3 Peterson : 2 Sherlock Holmes en version rustiquée et une Saint Patrick's Day de 2006 dans la forme 05. J'en suis satisfait au niveau fumage (sauf les 3-4 premiers fumages avec un vieux goût de teinture derrière la carbonisation) mais pas au niveau des finitions surtout pour les Sherlock Holmes. Quand on voit les prix de la série Sherlock Holmes, c'est honteux de la part de Peterson de ne pas avoir une pipe quasi impeccable (rappel : les version lisses sont à environ 250-260 euros en France). J'en achèterais certainement d'autres mais pas tout de suite."
-Peterson fait de superbes High Grade (les "supreme gold" et les "flamme grain") et le pire du milieu de gamme.:) Alain
-Essayons de faire factuel: j'ai quatre Peterson, deux bruyères et deux écumes calcinées à l'huile, toutes achetées à Dublin en 1974. Depuis que je fume les bruyères, avec des tabacs differents, les comparaisons avec d'autres marques et pipiers ne sont pas en leur défaveur, loin de la. Mais deux, ce n'est pas statistiquement très valable. J'ai lu en d'autres lieux pis que pendre sur la qualité de leur bruyères :il y a trente cinq ans, elle était au rendez vous. Le P-Lip ne me séduit pas; mes pipes ont été transformées, pour celles qui l'avait. Les écumes: l'écume calcinée, c'est un peu à part: ce n'est pas le goût de l'écume blanche. En tout cas, cela m'a convenu et je continue à les fumer. Les montages étaient soignés, je n'ai eu aucun probleme avec, l'ébonite des tuyaux était de bonne qualité et n'a pas jauni. A part déculottage et entretien normal, rien a signaler. Pour moi, c'est avec le recul un bon achat et un bon rapport qualité prix(comparé a ce qui se faisait à l'époque). Je ne peux évidemment absolument pas donner d'indication sur ce que fait la marque aujourd'hui.
Scytale


-Ces dernières années, la qualité des bruyères de chez Peterson s'est améliorée. Certes, pour ce qui est des formes, il n'y a pas beaucoup de changements, mais pourquoi changer une équipe qui gagne ? Car, ne l'oublions pas, les pipes Peterson restent les plus vendues au monde. Personnellement j'en possède deux, une Baskerville et une Millèsime 2003, toutes deux sablées; je les fume avec plaisir.
Patrick Cornu, Le Cadre Noir à Epinal

-Pour ma part, mon expérience est pour le moment dérisoire... donc, pondérez mon opinion avec cette donnée.
J'ai une seule Peterson :
http://tinyurl.com/tiseksonlypeterson
Je ne la regrète absolument pas. Je maintiens que je l'apprécie beaucoup niveau forme et elle fume merveilleusement bien. Pour le P-Lip, je n'ai pas envie d'avoir ça sur toutes mes pipes, mais c'est un changement qui n'est pas désagréable, ça préserve la langue ... mais c'est le palais qui prend. Comme je l'ai dit, je le changerai pas, je serai content de prendre mes futures Peterson avec, mais je ne militerai jamais pour une extension aux autres marques.
Néanmoins, le bois est correct, sans plus (pas mastiqué, mais le grain n'est pas fabuleux). La finition aurait pu être plus soignée : la bague bouge un peu et le percage du tuyau n'est pas centré (ce qui fait que quand j'ai toujours l'impression de le mettre de travers :). Le tuyau est en ébonite, mais j'ai longtemps cru que c'était de l'acrylique tant il est dur sous la dent : moins désagréable que du vrai acrylique, mais beaucoup moins bon que de la bonne ébonite.
En résumé, c'est une pipe dont je suis très content, je voulais avoir une Peterson et j'en ai une. Mais elle est dans mon cheptel, la plus chère de mes pièces (~90Euros; j'ai bien une Morel qui vaut probablement plus cher, mais vu que c'est un cadeau de mes collègues...) et elle est loin derrière mes "Ropounettes" (Pipe du Nord) et autres...

Tisek

-Je me pose la question de savoir si les Peterson sont fabriquées dans une usine ou bien des mains soigneuses des artisans pipiers (...). D'ailleurs, dans le Jura à St Claude, nous tombons aussi sur des pipes qui valent tout aussi bien la valeur des Peterson ou bien des Dunhill, mais quand nous recevons ces oeuvres achetées directement chez l'artisan, nous les appréçions autant. Nous nous sommes toujours posés la question de savoir pourquoi les Peterson coûtent aussi cher que nos pipes fait main par des artisans de chez nous, qui nous vendent bien des pipes 4 étoiles et qui s'appréçient autant. De mon côté, le point fort des Peterson est que ces pipes ont double chambre qui permet de refroidir la fumée. Seules choses : c'est que mon unique Peterson que je me suis payée à Lahr en Allemagne avait le goût mazouteux de l'ébonite, et je n'aime pas le trou au dessus du bec du tuyau des Peterson qui me déssèchent le palais.
Franzie


-Sur quatre Peterson que je possède, une seule est, dirais-je, de niveau « acceptable »: il s’agit d’une Sterling Silver. Les autres présentent toute une série de petits défauts comme une lentille trop épaisse, le tuyau pas droit, une bague fixée de manière négligente… Tout cela n’est évidemment pas très grave et n’empêche pas un bon fumage, mais lorsqu’on met en parallèle tout ce contentieux avec le niveau de finition d’autres marques de pipes fabriquées en série, il y a tout de même de quoi se poser des questions. Bien évidemment j’ai du mal à accepter l’argument qui dit que les « haut de gamme » sont mieux finies que les bas de gamme. Une marque qui possède un certain savoir-faire et une maîtrise des techniques ne devrait-elle pas les mettre en œuvre de manière constante ? Si tel n’est pas le cas, comment interpréter la chose ? La marque est capable de faire de la bonne finition, mais produit sciemment des pipes avec des lacunes pour adapter sa production au prix de revient. J’ai du mal à concilier cela avec une bonne image de marque…
Arthur


-J'ai en ce moment 4 Peterson (j'en ai eu deux autres autrefois, mais elles ont mal fini, cassées, jetées...) : une Standard System que j'ai depuis 1982 ; une Sterling Silver depuis 2004 ; une bulldog "Donegal Rocky" et une "Tankard" depuis 2008.
Constatation générale : elles sont très longues à se faire. Celle de 1982 est devenue excellente, mais il a fallu une vingtaine d'années. La Sterling reste très âpre avec certains tabacs (sur les Virginia/Perique , elle met incroyablement en avant le Perique). La Donegal est devenue très vite bonne après un changement de tuyau ; enfin la Tankard est certainement la plus caractérielle de toutes mes pipes : elle refuse obstinément d'être fumée au-delà des 2/3, et comme elle est petite, c'est assez frustrant.
Bruyères : rien à dire. Je trouve même le grain de la 1982 et de la Tankard très beau. Système : franchement, je ne vois pas l'intérêt. En dehors du fait qu'il rend complexe le passage de la chenillette (il faut trouver le bon trou...). P-lip : je fais avec, mais je n'aime pas. Sur la 1982, le tuyau a été refait "classique", et le tirage est devenu très bon. Sur la Silver, j'ai agrandi le trou de la lentille, autrement elle n'était pas fumable. La Donegal était sans P-lip d'origine, et donc pas de souci. Enfin, je déteste celui de la Tankard, trop rond et épais pour tenir correctement en bouche. En fait, j'attends de casser ce tuyau pour en faire refaire un...
Alors, pourquoi aimer les "Pete" ? En ce qui me concerne, pour leur style, leur "bijouterie" (j'aime les pipes baguées), et pour leur "celtitude" (j'adore l'Irlande et les Irlandais). Pour le goût de ma "vieille", qui s'est quand même laissée désirer très longtemps. Pour la solidité des tuyaux, appréciable pour le mâchouilleur que je suis. Est-ce que j'en rachèterai ? Sûrement. Pour être franc, je suis fou de leurs modèles avec garniture argent sur le haut du fourneau (cf. leur Pipe of the Year 2008) et de la gamme "Rosslare". Mais l'une et l'autre sont un peu trop chères pour mon goût...

Flake

-Je n'ai pas la chance d'en avoir une, même si certaines formes ne sont pas pour me déplaire (317 et 303) Et comme l'on dit déjà beaucoup d'entre vous, Peterson c'est la Celtic Attitude :o) Le P-lip est intrigant, je pense que ce doit être agréable avec un petit Alsbo Black de ne pas "s'empâter" la langue, et de déguster au palais...! Je comprends que l'on puisse attendre autre chose d'une marque à la réputation si solide; mais mon avis n'est pas plus prononcé, car non vérifié o)
Kilian


-J'en possède 6: deux achetées neuves et 4 estates , et il est vrai qu'elles sont difficile à culotter. mais une fois que l'on y est,que du plaisir, jamais déçu !
Julien

-Je n'ai pas la chance d'en posséder une, mais je rêve d'une Sherlock Holmes Original ou Baskerville. Un jour, bientôt !!!
Victor


-J'aime bien les formes des pipes Peterson. J'en ai une dizaine , mais je n'en ai fumé que deux .
Une jolie "billiard" verte achetée par mon fils en Irlande : -Pas très bonne à fumer -P-lip, pas terrible -Le vert vire au marron-noir
Une sablée d'occasion -Excellente à fumer -P-lip différent , valable
Conclusion : Ni pour , ni contre :o))
Jip


-J'ai cinq Peterson, dont deux non encore fumées. Certaines Pete ont des lignes superbes, surtout dans la série Sherlock Holmes, dont j'ai la chance de posséder la Baker Street et la Hudson (version St Patrick). Une des cinq, une très jolie Dublin à tige ovale, repose depuis des années au fond d'une boîte à cause de ce P-lip qui m'indispose fortement. Il en reste donc deux que je fume rarement. L'une parce qu'elle est une churchwarden et que la concurrence est rude, et l'autre, le très beau modèle Hudson qui ne m'a jamais transporté au septième ciel... Pour ce qui est du système, je crois que je n'aurai jamais l'occasion de l'essayer.Aspera
-Pour ou contre, c'est difficile, il faut relativiser. Les Peterson peuvent avoir une place plus qu'honorable dans un cheptel. J'en possède 5, toutes P-lip et une avec le système Trap-moisture. Ce que j'aime en elles : repos de la langue, possibilité de fumer aternativement P-lip et Fishtail, d'ailleurs Peterson propose les deux options. Bon rapport qualité / prix: une Donegal Rocky X105 m'a coûté 75 euros il y a un an, à ce prix-là les françaises étaient remplies de défauts et n'avait pas le degré de finition de la Donegal (rustiquée avec bague argent massif). Bonnes fumeuses, s'accordent bien avec les mixtures anglaises et les flakes. Large choix, y compris en estates. Trap-moisure agréable si tirage plus intense (pas de glougloutage ni jus de pipe, bien qu'en fumant doucement ça ne doit pas arriver, mais bon...). Petits reproches : elles sont parfois délicates pour une bonne tenue sur les dents (mais bon, mes dents ne sont pas top non plus !). Tuyaux ébonite solides mais vieillissent très mal. Certains modèles sont lourds.
Stéphane

Vous pouvez poursuivre le débat, faire part de vos expériences et donner votre avis dans les commentaires ci-dessous. Merci.
VUES

14 février 2009

> PIPES COURRIEU: COURRIEUSE IMPRESSION


Comme pour l'invention du rugby, plusieurs histoires courent à propos de la première utilisation de la bruyère pour les pipes. Parmi les hypothèses, celle de la maison Courrieu à Cogolin, près de Saint-Tropez dans le Var. Dès 1802, Ulysse Courrieu, agriculteur dans la région, aurait fabriqué la première bouffarde dans cette matière. Hypothèse a priori plausible, dans la mesure où l'erica arborea est un arbuste qui pousse à l'état sauvage juste au dessus de Cogolin, dans le Massif des Maures. Une chose est parfaitement sûre: la création de la fabrique Courrieu remonte bien à cette époque. Mais rien ne dit que c'est de ce bois que l'on faisait les pipes au début du 19° siècle. Plus de 200 ans après, l'entreprise familiale se perpétue et c'est maintenant René Salvestrini, qui a épousé une demoiselle Courrieu, qui tient les rênes.

A Cogolin, avenue Georges Clémenceau, on ne peut pas rater Courrieu: deux boutiques tiennent le haut du pavé. L'une est entièrement dédiée à la vente de pipes: des milliers, de toutes les qualités: beaucoup de bas de gamme, quelques pièces luxueuses et, entre les deux, un honnête choix de pipes standard à une cinquantaine d'euros. L'impression est étrange. On est d'abord enthousiasmé, prêt à se jeter à corps perdu dans ces rayons à l'offre pléthorique, puis assez rapidement perdu et déçu au milieu d'une quantité innombrable de pipes assez mal fichues.


C'est donc en nageant longtemps dans cet océan de bruyère médiocre que l'on peut découvrir quelques pièces de qualité, là-bas, au fond, à l'horizon... Point positif: la gamme est suffisament large pour que tout fumeur y trouve son compte. "La pipe selon votre budget", ce pourrait être la devise de la maison. La question est: est-ce le juste prix ? La réponse est: oui, si l'on cherche bien.

Dans la moyenne gamme, à une cinquantaine d'euros, nous avons trouvé un assez joli bois, dans une forme classique. L'honnête pipe à un honnête prix. Mais chez Courrieu, il vaut mieux avoir de bons yeux ou une bonne correction visuelle, car le diable se cache dans les détails: points de mastic, sandpits, finitions contestables, état du tuyau... pour trouver son bonheur, ne pas compter ses heures.


L'autre magasin propose toutes sortes d'objets en bois aux touristes de passage et jouxte l'atelier, qui se visite. Là aussi, sensation étrange. Autant la partie dédiée aux finitions, au ponçage, à la teinture et au marquage des pipes et des tuyaux s'avère en activité, autant l'atelier de travail, de découpe, de façonnage de la bruyère semble ne pas avoir été utilisé depuis belle lurette et ne servir que de musée dédié aux vacanciers désireux de faire une petite visite un jour de pluie ou de mistral... Les néophytes repartent avec une pipe à deux sous ou une cuillère en olivier. Peut-être auront-ils visité la fabrique de pipes, persuadés d'être entrés dans un atelier encore chaud, alors qu'il y a bien des années que le coq, symbole de la marque, ne chante plus ici. Et les vrais amateurs de bruyère, eux, déchanteront sans doute.
ET CHEZ ROUX ?


A Cogolin, aujourd'hui, seule subsiste donc la maison Courrieu. Mais d'autres pipiers y ont exercé leur activité: Monn (Monneret, un pipier et sculpteur sanclaudien venu travailler à Cogolin) et Louis Roux. On aperçoit d'ailleurs l'un des ateliers L.Roux de Cogolin dans la dernière partie du film "Le gendarme se marie", avec Louis de Funès. Quelle culture !


Le gendre de Monsieur Roux, Monsieur Santo d'Amico, qui avait repris la fabrique( photo ci-dessous) en 1956, a lui-même rangé ses outils au début des années 1980 pour des raisons familiales. A la même époque, il tenait également avec son fils un bureau de tabac à Saint Tropez, "La Bouffarde", au 2 quai Gabriel Perri, sur le port. Actuellement, il vend les toutes dernières pipes de son stock -assez chères d'ailleurs- au tabac d'Amico, avenue Jean Jaurès, à Cogolin. Il dit avoir une belle réserve d'ébauchons. Avis aux amateurs et aux professionnels de la filière pipière ! N.S.


Le site Courrieu: www.courrieupipes.fr/


La Bouffarde: tél. 04 94 54 40 67
__________________________________________

EN BREF...
- Selon la "Revue des Tabacs" de février, la vente des tabacs à pipe en France a baissé de 9,3 % en 2008, par rapport à l'année précédente. C'est sans compter, bien entendu, avec les achats frontaliers qui sont de plus en plus importants et qui expliquent, en partie, cette désaffection des fumeurs de pipe français pour les bureaux de tabacs et civettes de proximité.

- Promos ! Chez Pierre Voisin, à la Pipe du Nord à Paris, et chez Patrick Cornu, au Cadre Noir à Epinal, d'anciens stocks de pipes à petits prix sont proposés aux amateurs. Bonnes affaires en vues...

-Le pipier allemand Vauen est à la recherche d'un distributeur en France. Si vous êtes professionnels, vous pouvez contacter Brian P. Johson par email : b.johnson@vauen.de

Pour joindre la rédaction: pipegazette@hotmail.fr
________________________________________________

08 février 2009

> PIERRE MOREL: LA FINE FLEUR DES PIPIERS

A Saint-Claude, ils se comptent actuellement sur les doigts d'une seule main, ces artisans capables de fabriquer une pipe manuellement de A à Z, en laissant libre cours à leur créativité et en adaptant la forme de l'objet au bois qu'ils découvrent au fur et à mesure du travail.
Nous parlons donc de ces hommes de l'art qui fabriquent non pas des pipes en série, mais des pièces uniques.
Pierre Morel fait partie de ce cercle très restreint. D'une famille d'artisans de la pipe depuis quatre générations, cet homme réputé pour avoir du caractère travaille pour Chacom (on lui doit en particulier la série Grand Cru et les pipes de l'année) et en son nom propre. Il obtenu le titre de Meilleur Ouvrier de France en octobre 2007.
Pierre Morel aura 60 ans en 2009: année charnière pour lui, puisqu'il doit prendre sa retraite de la maison qui l'emploie. C'est l'occasion pour nous de poser quelques questions à ce futur jeune retraité qui n'a pas l'intention de raccrocher les outils !

INTERVIEW

-Combien de temps mettez-vous en moyenne pour fabriquer une "fait main" ?
De A à Z deux heures et demie maxi. Sauf pour les spécimens, mais c'est rare.

-Jetez-vous beaucoup d'ébauchons pour arriver à un résultat parfait, avec un bois sans défaut ?
Les pipiers ne jettent rien. Disons 10% de sans défaut quand on travaille du beau bois. Les "A",(straight grain sans défaut) 4%, et encore.

-Que pensez-vous du prix des pipes danoises, par exemple, qui dépassent parfois les 500 euros ?
Ca ne me choque pas vraiment concernant certaines pièces superbes. Ce qui me fait sourire, ce sont les mégalos prétentieux, mais on ne sait pas vraiment comment ils vivent. J'en connais et j'en ai connu, ils ne sont plus dans la partie.

-Vous inspirez-vous de ces pipiers nordiques, ou d'autres "grands maîtres" ?
C'est tentant quelques fois, mais j'étais là avant eux et j'ai mon créneau, j'en ai fait pour un groupe de discussions (Pipes et Tabacs, ndlr) mais ça s'arrête là.

-S'il devait y avoir UNE pipe de Pierre Morel, ce serait quelle forme ?
La fleur Morel, j'en ai sans doute fabriqué des centaines.

-Vous allez prendre votre retraite de chez Chacom cette année 2009. Est-ce que cela signifie que vous allez cesser vos activités de pipier ?
Je ne crois pas, mais j'en ai marre de bouffer de la poussière. Je vais uniquement faire des pipes "à la carte" et des réparations. J'ai tellement de stock de tuyaux de bagues etc... Et j'aime faire les réparations, mais j'ai des exutoires auxquels je tiens, qui risquent de me faire oublier mon atelier.

-Allez-vous vous lancer dans le vente en ligne de vos pipes ?
Pas sûr, ça ne me dit rien, tout dépend de la demande et de l'investissement.

-Comment voyez-vous l'avenir des pipes de St Claude ? Faut-il aller vers le haut de gamme ou rester majoritairement dans la pipe industrielle de série ?
Il faut arrêter de nager dans le virtuel, tout le monde n'achète pas des pipes à 300 €. Les pipes que l'on appelle "industrielles" sont aussi bien faites à prix égal que celles de ceux qui se prennent pour des cadors, si ce n'est mieux. Ces discussions sur les "hand made", "machine made", attisées par des savantasses tournent au ridicule. Les deux fabriques sanclaudiennes innovent beaucoup, et vendent, heureusement. Mais iI n'est pas facile de trouver du boulot et de garantir les salaires de plus de 20 salariés par les temps qui courent. Il suffit de demander aux détaillants la moyenne de leur vente de pipes.

-Voyez-vous un jeune qui prend la relève ?
Dans "la pipe industrielle", Sébastien Beaud qui a repris la boite de Jacky Craen ( Genod). Il fait des efforts pour apprendre et je suis sûr qu'il va durer.


________________________________________

EN BREF...
-Rendez-vous: La prochaine intronisation à la Confrérie des Maîtres Pipiers de Saint Claude aura lieu le vendredi 12 juin 2009.
-Bonne adresse: Si vous passez à Arles, en Provence, la meilleure civette de la ville se trouve à deux pas des arênes, au 71 rue du 4 septembre: c'est Le Pot à Tabac ( Tél. 04 90 96 24 75).
-Lille 2009: Pour les trente ans du Pipe-Club de Lille, un grand concours de lenteur a été organisé samedi 7 février. Pour cette occasion, chaque pipe et chaque tasse-braises ont été spécialement marqués. 92 participants au total (12 clubs et un indépendant) ont tenté leur chance. Et c'est justement un Nordiste, Serge Vanderberghe, qui est arrivé en tête, en maintenant sa bouffarde allumée pendant 1H23 ! (voir dans les commmentaires, ci-dessous, les impressions de Julien, l'un des concurrents).

VUES